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Fayard
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« Cela a duré six ans.
Pourquoi ce travail presque maniaque à partir de Platon ? C'est que c'est de lui que nous avons prioritairement besoin aujourd'hui : il a donné l'envoi à la conviction que nous gouverner dans le monde suppose qu'un accès à l'absolu nous soit ouvert.
Je me suis donc tourné vers La République, oeuvre centrale du Maître consacrée au problème de la justice, pour en faire briller la puissance contemporaine. Je suis parti du texte grec sur lequel je travaillais déjà avec ardeur il y a cinquante-quatre ans.
J'ai commencé par tenter de le comprendre, totalement, dans sa langue. Je me suis acharné, je n'ai rien laissé passer ; c'était un face-à-face entre le texte et moi. Ensuite, j'ai écrit ce que délivrait en moi de pensées et de phrases la compréhension acquise du morceau de texte grec dont j'estimais être venu à bout. Peu à peu, des procédures plus générales sont apparues :
Complète liberté des références ; modernisation scientifique ; modernisation des images ; survol de l'Histoire ; tenue constante d'un vrai dialogue, fortement théâtralisé. Évidemment, ma propre pensée et plus généralement le contexte philosophique contemporain se sont infiltrés dans le traitement du texte de Platon, et sans doute d'autant plus quand je n'en étais pas conscient.
Le résultat, bien qu'il ne soit jamais un oubli du texte original, pas même de ses détails, n'est cependant presque jamais une traduction au sens usuel. Platon est omniprésent, sans que peut-être une seule de ses phrases soit exactement restituée. J'espère être ainsi parvenu à combiner la proximité constante avec le texte original et un éloignement radical, mais auquel le texte, tel qu'il peut fonctionner aujourd'hui, confère généreuse- ment sa légitimité.
C'est cela, après tout, l'éternité d'un texte. » Alain Badiou -
« Cet ensemble de textes tente, sans chercher à être systématique, de rendre compte de la conjoncture idéologique et politique actuelle, tant à échelle du monde qu'a échelle de la France. Il ne s'agit nullement de raconter les diverses péripéties factuelles qui font la une des journaux. Mais plutôt, en nous armant de quelques notions utiles, créées pour l'essentiel au cours des trois derniers siècles, de comprendre ce qui se passe. » A. B.
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«Non, l'oeuvre de Beckett n'est pas ce qu'on a toujours dit qu'elle était : désespoir, absurdité du monde, angoisse, solitude, déchéance... »Alain Badiou
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Le séminaire : s'orienter dans la pensée, s'orienter dans l'existence (2004-2007)
Alain Badiou
- Fayard
- Ouvertures Fayard
- 12 Janvier 2022
- 9782213713250
« Le séminaire des années 2004 à 2007 s'articule à la fois à une conjoncture et à une oeuvre en cours : une contre-révolution libérale victorieuse depuis la deuxième moitié des années 1990 et une théorie de la singularité des mondes telle que déployée dans Logiques des mondes, qui paraît en 2006.
Pour autant que l'adversaire libéral de toute vérité l'emporte provisoirement, la pensée supporte une dure désorientation. Pour autant qu'il s'agit de penser ce qu'est un monde, et notamment le nôtre - celui de la désorientation -, la tâche est de repérer les appuis pour s'y orienter vers la naissance de vérités neuves. Le but est donc bien de «s'orienter dans la pensée, s'orienter dans l'existence». D'où que les matériaux examinés dans ce séminaire sont fortement marqués par leur contemporanéité. Ils doivent en effet témoigner de la singularité du monde contemporain. ».
A. B.
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L'être et l'évènement Tome 3 ; l'immanence des vérités
Alain Badiou
- Fayard
- Ouvertures Fayard
- 26 Septembre 2018
- 9782213710112
Le socle philosophique de l'oeuvre multiforme d'Alain Badiou (théâtre, romans, essais esthétiques ou politiques, éloges, polémiques...) est déposé dans trois grands livres, qui constituent une sorte de saga métaphysique : L'être et l'événement (1988), Logiques des mondes (2006) et enfin L'Immanence des vérités, auquel il travaille depuis une quinzaine d'années.
Apres avoir étudié vérités et sujets du point de vue de la théorie de l'être, après avoir rendu raison de ce que cette universalité des vérités et de leurs sujets peut se plier aux règles de l'apparaître dans un monde particulier, ce troisième volume aborde une question redoutable : d'où peut se soutenir que les vérités sont absolues, c'est-à-dire non seulement opposées à toute interprétation empiriste, mais encore garanties contre toute construction transcendantale ? Qu'en est-il des vérités et des sujets, saisis, au-delà des formes structurales de leur être et des formes historico-existentielles de leur apparaître, dans l'irréversible absoluité de leur action et dans l'infini destin de leur oeuvre finie ? Et que faut-il entendre par l'absoluité du vrai, puisque les dieux sont morts ?
Il s'est agi, au fond, d'un bout à l'autre, de construire pour notre temps une pensée complète, tirée, comme le firent Platon, Descartes ou Hegel, de matériaux rationnels contemporains, mathématiques, poétiques, amoureux et politiques. Il s'est agi de la vraie vie : nous sommes capables, dans la forme d'une oeuvre, individuelle ou collective, dans les quatre registres que fréquente l'animal humain survolté, de processus créateurs où se conjuguent dialectiquement la singularité, l'universalité et l'absoluité. Depuis sa naissance, la tâche de la philosophie ne tient qu'à ceci : créer, dans les conditions de son temps, le savoir de la possibilité existentielle du vrai.
Alain Badiou est philosophe, dramaturge et romancier.
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Notre mal vient de plus loin ; penser les tueries du 13 novembre
Alain Badiou
- Fayard
- Ouvertures Fayard
- 6 Janvier 2016
- 9782213700991
Dans ce court essai, Alain Badiou revient sur les tueries perpétrées le 13 novembre à Paris et propose d'élucider ce qui est arrivé.
Qui sont les agents de ce crime de masse ? Et comment qualifier leur action ?
Où en est notre monde, du point de vue de ce qui a été ainsi mis en place insidieusement, puis avec acharnement depuis un peu plus de trente ans ?
Ce dont nous souffrons, c'est de l'absence à échelle mondiale d'une politique disjointe du capitalisme hégémonique. Tant qu'une proposition stratégique autre ne sera pas faite, le monde restera dans une désorientation essentielle. C'est un travail pour tous que d'essayer de faire que l'histoire de l'humanité change de direction et s'arrache au malheur opaque où en ce moment elle s'enfonce.
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Second manifeste pour la philosophie
Alain Badiou
- Fayard
- Ouvertures Fayard
- 14 Janvier 2009
- 9782213637969
Il y a vingt ans, mon premier Manifeste pour la philosophie s'élevait contre l'annonce, partout répandue, de la « fin » de la philosophie. A cette problématique de la fin, je proposais de substituer le mot d'ordre : « un pas de plus ».
La situation a bien changé. Si la philosophie était à l'époque menacée dans son existence, on pourrait soutenir aujourd'hui qu'elle est tout aussi menacée, mais pour une raison inverse : elle est dotée d'une existence artificielle excessive. Singulièrement en France, la « philosophie » est partout. Elle sert de raison sociale à différents paladins médiatiques. Elle anime des cafés et des officines de remise en forme. Elle a ses magazines et ses gourous. Elle est universellement convoquée, des banques aux grandes commissions d'Etat, pour dire l'éthique, le droit et le devoir.
Tout le point est que par « philosophie » on entend désormais ce qui en est le plus antique ennemi : la morale conservatrice.
Mon second manifeste tente donc de démoraliser la philosophie, d'inverser le verdict qui la livre à la vacuité de « philosophies » aussi omniprésentes que serves. Il renoue avec ce qui, de quelques vérités éternelles, peut illuminer l'action. Illumination qui porte la philosophie bien au-delà de la figure de l'homme et de ses « droits », bien au-delà de tout moralisme, là où, dans l'éclaircie de l'Idée, la vie devient tout autre chose que la survie.
A. B. -
Barbara Cassin et Alain Badiou s'interrogent, en échangeant et en argumentant, sur leur démarche intellectuelle : elle, femme et sophiste, lui, homme et platonicien.
Alain Badiou est platonicien (plutôt platonicien), Barbara Cassin est sophiste (plutôt sophiste).
Cela a-t-il quelque chose à voir avec le fait qu'il soit un homme et qu'elle soit une femme ?
Telle est la question que nous nous posons depuis longtemps.
Depuis que nous nous connaissons en somme, et que nous avons commencé à travailler ensemble comme directeurs de collection.
À un moment donné, nous avons pris cette question à bras-le-corps.
C'est venu, peut-être, d'une remarque à notre propos disant que, un platonicien avec un(e) sophiste, cet attelage qui ne laissait rien échapper devenait pour de bon dangereux. Nous avons ri, et réfléchi.
D'abord, nous avons échangé des lettres, jouant avec le plaisir d'une correspondance sporadique, parfois rauque, pendant trois ans. Au beau milieu de quoi nous avons décidé de faire un séminaire commun ailleurs, loin de nos bases : à Johns Hopkins. On nous a obligés à répondre sans arrière-monde, Alain Badiou en mathématicien-platonicien, Barbara Cassin en philologue-sophiste.
À bras-le-corps donc, mais encore latéralement comme on voit. Nous avons alors ressenti la nécessité d'exhiber les éléments clefs à quoi tiennent nos positions, ce qui philosophiquement nous tient. Puis nous avons déroulé les conséquences strictes de ces solidités quant à l'idée que nous nous faisons du rapport homme femme.
Au moment de conclure, nous nous sommes demandé ensemble pourquoi nous choisissions la Grèce.
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« La toute première réception officielle de la philosophie, avec Socrate, prend la forme d'une très grave accusation : le philosophe corrompt la jeunesse. Alors, si j'adopte ce point de vue, je dirai assez simplement : je viens corrompre la jeunesse en parlant de ce que la vie peut offrir, des raisons pour lesquelles il faut absolument changer le monde et qui, pour cela même, imposent de prendre des risques.
Aujourd'hui, parce qu'elle en a la liberté, la possibilité, la jeunesse n'est plus ligotée par la tradition. Mais que faire de cette liberté, de cette nouvelle errance ? Filles et garçons doivent découvrir leur propre capacité quant à une vraie vie, une pensée intense qui affirme le monde nouveau qu'ils entendent créer.
Que vivent nos filles et nos fils ! » A. B.
Alain Badiou est philosophe, dramaturge et romancier. -
"Le vif intérêt rétrospectif des séminaires de la fin des années 1980 et du tout début des années 1990, y compris pour moi-même, est d'y lire non seulement la présence de L'être et l'événement, mais la façon dont il affecte mon enseignement, comme si ce dernier était désormais consacré à la présentation, défense et illustration d'un livre, par une sorte de guérilla latérale. Ce qui traverse tout cela est la critique de la catégorie d'objet, portée au point où le but de l'analyse est de valider le concept d'un sujet sans objet.
Tel doit être en effet, et c'est ce qui justifie le titre finalement donné à ce séminaire, le sujet dont toute vérité se soutient", A. B.
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"Espérons, agissons. N'importe qui, n'importe où, peut commencer à faire de la politique vraie, au sens que lui donne le présent texte. Et parler, à son tour, autour de lui, de ce qu'il a fait. C'est ainsi que tout commence", A. B.
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« Il faut en finir avec les visions stéréotypées de Mai 68, qui vont à coup sûr nourrir les célébrations comme les vitupérations, les nostalgies comme les procès de ce mois symbolique à l'occasion de son cinquantenaire.
Au fond, en Mai 68, ce qui nous animait, ce qui nous enthousiasmait, était la conviction qu'il fallait en finir avec les places sociales, que le renversement de l'impitoyable, de la sordide hiérarchie des fortunes, des libertés et des pouvoirs était politiquement possible, à travers un type inédit de prise de parole et la recherche tâtonnante de formes d'organisation adéquates à la nouveauté de l'événement.
Si nous portons toutes les leçons de Mai 68 au coeur du monde vivant, nous pourrons, oui, mais seulement sous ces conditions, redire et suivre l'appel de Mao : «On a raison de se révolter.» »
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La vie de mon fils a été interrompue de façon imprévisible et violente. D'une façon en quelque sorte inacceptable. Mais je veux soutenir ici qu'en dépit de ces apparences, sa vie, singulière comme toute vie réellement subjectivée, a existé, pleinement, porteuse d'un sens dont la signification et l'usage avaient valeur universelle.
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« Quel que soit l'intérêt qu'on porte à la conjoncture étroitement nationale du mouvement des gilets jaunes, tout comme à l'obstination méprisante du pouvoir en place, nous devons tenir ferme sur la conviction qu'aujourd'hui, tout ce qui importe vraiment est que notre patrie est le monde.
Ce qui nous ramène aux dénommés "migrants . Il faut agir, bien évidemment, pour ne plus tolérer les noyades et les arrestations et la mise à l'écart pour des raisons de provenance ou de statut. Mais au-delà, il faut savoir qu'il n'y a de politique contemporaine qu'avec ceux qui, venus chez nous, y représentent l'universel prolétariat nomade.
En convoquant les textes philosophiques et politiques, mais aussi les poèmes, je voudrais examiner l'état actuel de cette cause et explorer la direction de ce que le poète nomme l'éthique du vivre monde et que je nomme, moi, le nouveau communisme. » A.B.
Alain Badiou est philosophe, dramaturge et romancier.
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Faut-il accepter comme une loi de la raison que le réel exige en toutes circonstances une soumission plutôt qu'une invention ? Le réel est toujours ce qui se découvre au prix que le semblant qui nous subjugue soit arraché. Aujourd'hui, nous devons être convaincus qu'en dépit des deuils que la pensée nous impose, chercher ce qu'il y a de réel dans le réel peut être, est, une passion joyeuse.Professeur émérite à l'École normale supérieure, Alain Badiou est philosophe, dramaturge et romancier.
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Il n'y a pas de rapport sexuel. Deux leçons sur «L'Etourdit» de Lacan
Alain Badiou, Barbara Cassin
- Fayard
- 31 Mars 2010
- 9782213644431
Dans « L'Étourdit », paru en 1973 et tenu pour l'un de ses textes les plus obscurs et les plus importants, Lacan pose certains concepts essentiels de son oeuvre, dont la formule fameuse « Il n'y a pas de rapport sexuel », qui interroge la validité de notre rapport au réel. Alain Badiou et Barbara Cassin s'emparent de ce court texte pour penser « avec » lui et en offrent deux lectures qui prennent le savoir pour enjeu. Barbara Cassin l'envisage à partir de son rapport intime aux choses de la langue ; Alain Badiou analyse ce que la philosophie prétend pouvoir dire quant à la vérité.
Ces études de « L'Étourdit », en se faisant écho, éclairent d'un jour inédit la pensée de Lacan et proposent un nouveau partage entre la masculinité de Platon et la féminité de la sophistique.Professeur émérite à l'École normale supérieure, Alain Badiou est philosophe, dramaturge et romancier.Barbara Cassin, philologue et philosophe, est directrice de recherches au CNRS. -
Voici la réédition, augmentée d'une longue préface, d'un livre publié en 1969 et devenu introuvable depuis trente ans. Il transcrit deux conférences prévues à l'époque dans un contexte à la fois dense et mondain : le cours de philosohie pour scientifiques organisé par Louis Althusser. La première conférence eut bien lieu, en 1968, à la fin du mois d'avril. Deux semaines plus tard, c'était le début de Mai 68, celui-là même auquel notre actuel Président ordonne qu'on mette fin une fois pour toutes. Nous, jeunes philosophes, sommes alors passés brutalement des raffinements formels de la théorie pure à l'activisme politique le plus radical. Nous servions les structures, il a fallu, et avec quelle détermination, servir le peuple. La deuxième conférence fut annulée.
Entre 1960 et 1968, nous étions en effet structuralistes, et nous avions une grande dévotion pour la science, que nous opposions à l'idéologie. Il est vraiment paradoxal que depuis, on ait jugé que nous nagions en pleine idéologie, et qu'on ait appelé à la fin des idéologies. On verra tout le contraire dans ce livre : une grande rigueur instruite concernant la logique contemporaine, un grand mépris pour les à peu près de l'idéologie, et une ambition rationnelle qui s'étend à tous les domaines de la pensée active, politique comprise.
La vérité saute toujours par-dessus les étapes obligées. C'est parce qu'il est vraiment de son temps - le début des années soixante - que ce petit livre peut être du nôtre. Ecrite aujourd'hui, la préface, racontant l'histoire de nos pensées depuis presque un demi-siècle, tente de montrer la pertinence de cette réédition.
Pour les idées profondes, quarante ans, ce n'est que le temps raisonnable d'une latence, pendant laquelle mûrissent les conditions nouvelles de leur efficacité. -
« Ce séminaire de l'année 1984-1985, portant sur l'Infini, est le frère de celui portant sur l'Un, tenu en 1983-1984, et déjà publié. Il s'agit de passer au filtre de la grande histoire de la philosophie quelques concepts majeurs de L'être et l'événement, publié en 1988. L'examen historique des concepts n'a pas pour objectif direct leur incorporation dans ma propre entreprise métaphysique. Je cherche plutôt à saisir la multiplicité des définitions et des constructions, un peu comme qui regarde un objet sous différents angles et exposé à différentes lumières. Au fond, quand on cherche une idée dans l'histoire, ce sont souvent les détails qui importent et parfois unifient des pensées qu'on aurait pu croire opposées. Cela donne à ce séminaire un tour exégétique et raffiné. Mais que le lecteur ne soit pas effrayé : la gymnastique intellectuelle est à la fin plus merveilleuse et plus féconde que l'autre. Et puis, j'ose le dire, je lui ai pas mal mâché le travail ! » A.B.
Depuis 1966, une part importante de l'enseignement du philosophe Alain Badiou, a pris la forme d'un séminaire, lieu de libre parole et laboratoire de pensée. Les éditions Fayard publient l'ensemble de ces Séminaires de 1983 à aujourd'hui, période où la documentation est abondante et continue. Ce volume est le huitième de la série.
Alain Badiou est philosophe, dramaturge et romancier. -
« Ce séminaire part d'un lieu commun : l'expression changer le monde, qui a largement enchanté les deux siècles précédents. Dans nos contrées dites occidentales, riches mais en crise, démocratiques mais rongées par le virus identitaire, l'expression changer le monde a un double statut. D'un côté, pour autant qu'elle a désigné un vouloir révolutionnaire, elle est tenue pour le nom périmé d'une utopie criminelle. D'un autre côté cependant, on nous enseigne qu'à tout instant le monde change à une vitesse extraordinaire, que nous sommes toujours en retard sur ce changement, et que d'incessantes réformes doivent plier les sujets à y consentir. On ne peut qu'en conclure que, dans cette affaire, changer est un verbe équivoque. Si tout change, y compris les acteurs, témoins et victimes dudit changement, rien ne peut attester le changement. Si en revanche il existe un repère fixe, un invariant relatif d'où prendre mesure du changement comme changement réel, quel est le statut de cet invariant ? Il faut reprendre entièrement la question du changement réel au-delà de l'antinomie rupture totale ou continuité d'une incessante innovation. Le problème est celui du lieu subjectif, d'où l'on peut concevoir, dans une subtile dynamique de l'immanence et du retrait, ce qu'est un changement orienté. » A. B.
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Le séminaire ; théorie du mal, théorie de l'amour (1990-1991)
Alain Badiou
- Fayard
- 11 Avril 2018
- 9782213705248
" Il est tout à fait remarquable que ce séminaire soit la matrice de deux de mes livres les plus lus, aujourd'hui, dans le monde : L'Ethique (1993) et Eloge de l'amour (2009). On va y parler des valeurs, le Bien et le Mal, et on va parler, dans la foulée, de l'amour. Quel peut bien être le lien que ces motifs en quelque sorte moraux et sentimentaux entretiennent entre eux ? Ce séminaire fut en fait le chantier oral de mon agitation scripturale autour de la question des quatre conditions de la philosophie : l'art, la science, la politique et l'amour.
Etabli au plus près de ses accents souvent impérieux, le présent texte me semble rendre justice à cette tentative de porter la solide architecture de l'être et l'événement jusqu'à ses conséquences vitales les plus difficiles à percevoir. " A. B.
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Heidegger. Les femmes, le nazisme et la philosophie
Alain Badiou, Barbara Cassin
- Fayard
- 31 Mars 2010
- 9782213644448
Les convictions politiques d'un philosophe sont-elles pertinentes pour juger son oeuvre ? La question s'est posée avec une virulence particulière au sujet de Martin Heidegger, adulé par certains et honni par d'autres en raison de ses convictions nazies. Pour Alain Badiou et Barbara Cassin, cette polémique est mal centrée et il faut accepter le paradoxe suivant : oui, Heidegger a été un nazi ordinaire, petit-bourgeois et provincial, et oui, Heidegger est l'un des philosophes les plus importants du siècle dernier.
En se plongeant dans sa correspondance, les deux philosophes interrogent de manière inattendue la figure de Heidegger, son rapport à la politique, bien sûr, mais aussi aux femmes. À la sienne, Elfride, avec laquelle il forma un couple indestructible et tourmenté, à la manière de Sartre et Beauvoir. Mais aussi à toutes celles, et notamment Hannah Arendt, dont il fut l'amant au cours de sa longue existence.Professeur émérite à l'École normale supérieure, Alain Badiou est philosophe, dramaturge et romancier.Barbara Cassin, philologue et philosophe, est directrice de recherches au CNRS. -
« J'ai, dès 1983, commencé humblement le trajet qui devait aboutir, cinq ans plus tard, à la publication de L'être et l'événement par un examen renouvelé de la grande histoire de la philosophie. La médiocrité intellectuelle du démocratisme ambiant était telle que j'étais sûr de trouver, dans cette grande histoire, de quoi démonter cette moderne machination.
La méthode de ce Séminaire consiste à tenter de démontrer qu'il y a de sérieuses raisons de tenir Parménide pour le fondateur d'une discipline nouvelle, non parce qu'il a vaticiné sur l'être et le non-être, comme le firent de nombreuses mythologies, mais parce qu'il a convoqué dans cette vaticination poétique son contraire, à savoir la rigueur universelle absolue des procédures mathématico-logiques qui, au même moment, trouvaient en Grèce leur forme définitive.
Il y a dans ce Séminaire un côté réjouissant de suspense, d'enquête policière, de contestation raisonnée des dires de quelques témoins importants, comme Platon ou Heidegger. Sa densité ne doit pas dissimuler l'espèce de science joyeuse qui l'anime. »
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Le séminaire ; Nietzsche ; l'antiphilosophie Tome 1 ; 1992-1993
Alain Badiou
- Fayard
- 14 Octobre 2015
- 9782213686165
Séminaire tenu un an avant celui sur Lacan, qui interroge l'importance de l'art. Nietzsche place le personnage du philosophe, ou de l'antiphilosophe, au centre de son oeuvre et pose la question du rapport entre art et philosophie.
« Le séminaire sur Nietzsche résulte de ce qu'on peut appeler une décision pure, dont le résultat ne s'est pas inscrit dans les grandes scansions livresques de mon entreprise. Il est même resté à part de ses compagnons, les antiphilosophes modernes et antiques. Mais n'est-ce pas son destin, en vérité ? Je l'aime dans la solitude où tout le monde, sectateurs et calomniateurs, suiveurs et hurleurs, interprètes et propagandistes, l'ont toujours laissé. On verra comment, gouverné par cette profonde sympathie, le commentant en détail et l'admirant sans avoir pour autant à lui concéder quoi que ce soit, j'ai pu décerner à Nietzsche, en mon seul nom, le titre suivant : prince pauvre et définitif de l'antiphilosophie. » A. B.
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Le séminaire ; Lacan ; l'antiphilosophie 3 ; 1994/1995
Alain Badiou
- Fayard
- Ouvertures Fayard
- 4 Septembre 2013
- 9782213672472
La publication des seize volumes du Séminaire d´Alain Badiou constitue un événement. Non seulement parce que, depuis 1966, la renommée du Séminaire n´est plus à démontrer, mais aussi parce qu´il est le laboratoire de la pensée du philosophe ; c´est dans ce cadre qu´Alain Badiou teste ses idées, les nourrit, les affute. Ces presque cinquante années de libre parole sont enfin et surtout un moyen d´accès privilégié pour les non-spécialistes à l´histoire de la philosophie et à ses grandes figures tant le ton est vivant et le propos limpide. Le Séminaire sur Lacan, tenu en 1994-1995, inaugure la série. Alain Badiou y aborde l´oeuvre de celui qui se qualifie lui-même d´« antiphilosophe » dans ce qu´elle a de radicalement nouveau, qui vient contrarier la philosophie. Il montre à rebours comment la philosophie, confrontée à la psychanalyse, en a intégré les apports. En cheminant à travers les controverses d´une époque, nous rencontrons avec bonheur les formules inventives et décisives de Lacan.