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La Fabrique
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L'antisémitisme partout ; aujourd'hui en France
Alain Badiou, Eric Hazan
- La Fabrique
- 24 Février 2011
- 9782358720182
Il existe bien un antisémitisme en France aujourd'hui : les néo nazis, les négationnistes, les nostalgiques du pétainisme... pas grand monde, et sans grande influence. Mais quand on fait état d'une « montée » de l'antisémitisme, c'est pour stigmatiser la jeunesse des quartiers populaires, les Arabes et les Noirs, qui ne sont pas antisémites : ils sont solidaires des Palestiniens opprimés, ce qui n'est pas la même chose. Le livre explore les motifs et les méthodes de ceux qui cultivent et exploitent cet amalgame pervers.
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Petrograd, Shanghai ; les deux révolutions du XXe siècle
Alain Badiou
- La Fabrique
- 21 Août 2018
- 9782358721660
Devant le risque de scission des forces armées, un lent mouvement d'inversion répressive, de retour à l'ordre commence en septembre 1967. Donc, une révolution culturelle d'un peu plus d'un an, du printemps 1966 à l'automne 1967.
« Les inventions politiques, qui ont donné à la séquence son allure révolutionnaire incontestable, n'ont pu [dans une période si brève] se déployer que comme débordements au regard du but qui leur était assigné par ceux que les acteurs mêmes de la révolution (la jeunesse, les rebelles ouvriers) considéraient comme leurs dirigeants naturels : Mao et son groupe minoritaire. » Débordements, le mot est important, il récuse l'idée aujourd'hui dominante que la RC fut une lutte pour le pouvoir dans les sommets de la bureaucratie du Parti-État, que Mao mis en minorité eut recours à des forces étrangères au Parti (les gardes rouges...) dont il finit par reprendre le contrôle.
En parallèle aux Thèses d'Avril de Lénine, Badiou analyse longuement la Décision en 16 points du parti communiste chinois (août 1966) qui est tout autre chose qu'un document administratif émanant du Parti-Etat : « Être l'élève des masses avant d'être leur professeur. Oser faire la révolution, ne pas craindre les désordres, s'opposer à ce qu'on joue les grands seigneurs, qu'on se tienne au-dessus des masses pour les commander à l'aveuglette » Comme la Révolution russe de 1917, la RC aura été, pour finir, un échec, « vaincue par la coalition disparate de la majorité craintive des cadres du parti, de l'armée comme toujours conservatrice, et de l'esprit petit-bourgeois d'un grand nombre de dirigeants étudiants engagés dans l'ultragauche. Mais sa formule demeure, et la méditation de ses enseignements doit structurer toute entreprise politique visant à sortir du marécage capitaliste contemporain. » Alain badiou En 1917 à Petrograd - capitale et centre révolutionnaire - le premier temps de la révolution, de février à l'automne, fut une tentative d'implantation en pleine guerre d'un régime « démocratique » à l'occidentale. Mais ce qui en sortit, sous l'impulsion du parti bolchevique et de Lénine, ce fut en octobre « la première victoire dans toute l'histoire de l'humanité, d'une révolution post-néolithique ».
Badiou analyse dans un chapitre distinct les « Thèses d'avril » de Lénine, oeuvre politique majeure qui prépare et explique la révolution d'octobre : dix thèses sur la guerre, sur le pouvoir au prolétariat et à la paysannerie pauvre, sur la patience, sur le dépassement du capitalisme, sur l'organisation du parti... Un travail théorique qui accompagne et guide cette révolution « qui a montré pour la première fois dans l'Histoire qu'il était possible de réussir ».
Pour la Révolution culturelle, Badiou montre que la chronologie est essentielle. Le récit aujourd'hui dominant est qu'elle a duré 10 ans, de 1966 à 1976 ou de l'apparition des gardes rouges à la mort de Mao. Pour Badiou, il faut voir les choses autrement :
La direction du parti cherche d'abord à contenir l'agitation dans le cadre des universités - ce qui échoue en août 1966 quand les gardes rouges se répandent dans les villes. Puis dès la fin de 1966 et le début de 1967, les ouvriers deviennent la force révolutionnaire motrice - c'est le moment de la Commune de Shanghai, moment bref mais essentiel, où l'alliance ouvriers-étudiants parvient à chasser le vieux parti communiste local et à prendre le pouvoir dans la ville. Puis les administrations du parti et de l'État entrent elles aussi dans la tourmente (« les prises de pouvoir »).
Enfin même l'armée, toujours gardée comme force de réserve, entre en ébullition pendant les violences à Wuhan en août 1967.
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Ceux qui, aux alentours de 1965, avaient entre vingt et trente ans, ont alors rencontré un nombre exceptionnel de maîtres dans le champ de la philosophie.
Les anciens comme sartre, lacan ou canguilhem, étaient encore en pleine activité ; d'un peu plus jeunes, comme althusser, déployaient leur oeuvre, et toute une génération, les deleuze, foucault, derrida, entrait dans l'arène. tous ces maîtres, aujourd'hui, sont morts. la scène philosophique, largement peuplée d'imposteurs, est autrement composée, ne tirant sa consistance que de ceux, jeunes et moins jeunes, qui, les formulant à neuf dans leur propre langue, savent être fidèles aux questions qui nous animèrent il y a quarante ans.
Je crois juste de rassembler les analyses et hommages qu'au long des années, quand ils disparaissaient, j'ai consacrés à ceux à qui je dois la signification, toujours inhumaine autant que noble et combattante, du mot " philosophie ". je n'ai pas toujours eu avec ces contemporains capitaux des rapports simples et sereins : la philosophie, comme le dit kant, est un champ de bataille. mais, considérant aujourd'hui les innombrables " philosophes " médiatiques, je puis dire que j'aime tous ceux dont je parle dans ce livre.
Oui, je les aime tous. alain badiou.
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L'aventure de la philosophie française depuis les années 1960
Alain Badiou
- La Fabrique
- 18 Octobre 2012
- 9782358720441
Avec Alain Badiou, nous avons la chance d'avoir à la fois un témoin et un acteur dans le domaine. Ceux dont il parle dans ce livre, il les a tous connus : les uns ont été ses maîtres (Althusser, Canguilhem), d'autres de grands aînés (Foucault, Deleuze), d'autres des contemporains (Rancière, Lyotard, Nancy). Certains sont ou ont été des compagnons de lutte, d'autres des adversaires philosophiques. Cette traversée est irremplaçable : très rares sont ceux qui peuvent rassembler de tels textes. Dans ce livre, il est question de la Révolution culturelle, bien sûr ? chez Lardreau et Jambet (L'Ange), de Kant (chez Françoise Proust), du sujet (chez Canguilhem, et, de façon presque opposée, chez Ric?ur). On y trouve un long texte sur Rancière (« J?en ai dit par le passé assez de mal, ma réserve est épuisée. Oui, oui, nous sommes frères, tout le monde le voit, et moi aussi, à la fin. »). Badiou rend hommage à Sartre (« un de nos rares éclaireurs »), à Althusser (celui de 1966, époque de Lire le Capital). Il est plus critique envers Jean-Luc Nancy (« Je me suis demandé si la tâche la plus ingrate et la plus difficile n'était pas de tenter de dire du mal de cet homme incontesté ») ; envers Lyotard, mais non sans respect (« Si pour moi Jean-François Lyotard, le philosophe, regarde exagérément au désert de sable du multiple, il faut convenir que ?l?ombre d'un grand oiseau lui passe sur la face? »). Critique admirative, encore, que celle du Pli de Deleuze (« Quand on lit Deleuze, on ne sait jamais exactement qui parle, ni qui assure ce qui est dit, ou s'en déclare certain. Leibniz ? Deleuze ? Le lecteur de bonne foi ? L'artiste de passage ? ») Ce livre constitue un grand ensemble philosophique, parfois difficile, souvent drôle, toujours original et passionné.