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Nouvelles Lignes
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La tradition allemande dans la philosophie
Alain Badiou, Jean-Luc Nancy
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 11 Septembre 2017
- 9782355261749
Y a-t-il une philosophie allemande ? Ou y a-t-il des moments de la philosophie, tantôt française, tantôt allemande, tantôt même française et allemande ? Le xviie constituerait le moment français, le xixe le moment allemand ; et le xxe, le moment franco-allemand - selon Badiou du moins. Nancy pense plutôt que la philosophie allemande a cessé au xxe siècle avec l'exil de ses plus éminents représentants : « ou bien ils ont émigré, ou bien ils ont quasiment tous fait silence quand ils n'ont pas suivi le régime ; un seul [Heidegger] est devenu «archifasciste» » Les grands philosophes allemands sont amplement évoqués, de Kant à Adorno ; Kant, le premier, qui occupe une part non négligeable du dialogue, qui n'est d'ailleurs pas le même pour Badiou et Nancy, que Badiou, dit-il, admire mais n'aime pas, que Nancy, qui lui a consacré sa thèse, lit avec une mansuétude et un intérêt beaucoup plus grands.
Hegel ensuite, que l'un comme l'autre tiennent pour essentiel, quoiqu'ils ne le lisent pas pareillement (leçon qui vaut pour la lecture que chacun fait en général des grandes oeuvres de la philosophie) ; que Nancy lit pour elle-même (dans le texte) mais aussi à la lumière des innombrables interprétations que cette oeuvre a suscitées (de l'histoire de sa réception) ;
Qu'au contraire Badiou lit en quelque sorte à la lettre, « naïvement » dit-il lui-même, comme il dit lire toutes les grandes oeuvres. Question de contemporanéité :
L'un voulant rester leur contemporain, l'autre voulant l'être et d'elles et de ce qui est né d'elles. Nancy :
« [...] nous ne pouvons pas nous rapporter à eux comme à nos contemporains. Nous sommes forcément après, nous les relisons [...] » ; Badiou : « [...] tu dis : les interprétations successives modifient tout ça. Eh bien non, ça ne modifie pas les assertions explicites des philosophes quant à ce qu'est réellement leur projet. »
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Dans son livre, De quoi Sarkozy est-il le nom ?, Alain Badiou proposait de nommer "hypothèse communiste" ce qui, depuis la Révolution française, a animé les politiques révolutionnaires, ou politiques d'émancipation. Le jugement que l'histoire officielle tente d'imposer est que toutes les tentatives de réalisation de cette hypothèse s'étant soldées par de tragiques échecs, l'hypothèse elle-même serait invalidée par l'Histoire.
Le présent volume veut envisager directement la fameuse preuve historique de cet "échec", à travers trois exemples fondamentaux qui le caractérisent - la Commune de Paris, la Révolution culturelle et Mai 68. Il pose que, pas plus en matière de politique qu'en matière de science, l'échec local d'une tentative n'autorise à éluder le problème dont elle proposait une solution ; que de nouvelles solutions doivent être aujourd'hui imaginées pour résoudre les problèmes sur lesquels cette expérimentation a buté.
C'est ce que fait le dernier texte de ce livre, prononcé à Londres, en mars 2009, lors d'un important colloque précisément intitulé "L'Idée de communisme".
"Le capitalisme et sa 'démocratie' de surface, c'est ce qui est vieux, c'est ce qui est condamné, c'est le renoncement à penser, le renoncement à agir selon les principes d'une pensée. C'est l'hypothèse communiste, quel que soit le nom qu'on lui donne (émancipation, égalité,...), qui est nouvelle et légitime".
Ecrivain et philosophe, professeur à l'Ecole normale supérieure, Alain Badiou a récemment publié Second manifeste pour la philosophie (Fayard, 2009). Le présent volume est le cinquième de la série "Circonstances".
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L'explication
Alain Badiou, Alain Finkielkraut, Aude Lancelin
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 22 Mai 2010
- 9782355260520
Les deux « adversaires » ici en présence témoignent, dans le débat d'idées, de deux visions irréconciliables. Tout, dans leurs prises de positions respectives, les sépare : Alain Badiou comme penseur d'un communisme renouvelé ; Alain Finkielkraut comme observateur désolé de la perte des valeurs. La conversation passionnée qui a résulté de leur face-à-face - organisé à l'initiative de Aude Lancelin - prend souvent la tournure très vive d'une « explication », aussi bien à propos du débat sur l'identité nationale, du judaïsme et d'Israël, de Mai 68, que du retour en grâce de l'idée du communisme. Mais le présent volume ne se réduit pas à la somme de leurs désaccords. Car ni l'un ni l'autre ne se satisfont, en définitive, de l'état de notre société ni de la direction que ses représentants politiques s'obstinent à lui faire prendre. Si leurs voix fortes et distinctes adoptent, un moment, une tonalité presque semblable, c'est sur ce seul point.
Ce face à face exceptionnel rend saillantes les principales lignes de fracture de la politique et de la pensée française, que le jeu politico-médiatique n'expose le plus souvent que pour les brouiller un peu plus. C'est ici le double sens du titre « L'Explication » : une vive conversation où s'opposent des points de vue éloignés ou irréconciliables, en même temps qu'un effort commun de clarification.
Alain Badiou et Alain Finkiekraut incarnent deux visions politiques et théoriques diamétralement opposées. Leurs rencontres, intervenues à l'invitation d'Aude Lancelin pour le Nouvel Observateur puis pour préparer le présent volume, portèrent en premier lieu sur la décision du gouvernement de faire une nouvelle fois de « l'identité nationale » un thème de campagne (décision portée par Éric Besson qui donna lieu, comme on le sait, à des rencontres organisées dans les préfectures à la fin de l'année 2009 et au début de l'année 2010). Au sujet de l'identité, Alain Finkielkraut appartient au camp de ceux qui considèrent que la France ferait face à une crise profonde, qui prendrait la forme, selon lui, d'une « exécration [...] de la France dans une fraction non négligeable des nouvelles populations françaises », ajoutant préventivement : « Il faut vivre à l'abri du réel pour considérer que cette francophobie militante est une réponse au racisme d'État ou à la stigmatisation de l'étranger. » Pour Alain Badiou c'est bien au contraire la captation par le gouvernement, d'un débat sur « l'identité nationale » qui inquiète. Il y voit l'application d'une politique injustifiable, nauséabonde, qui validerait la dénomination de « pétainisme transcendantal » utilisée par lui dans dès 2007 dans son ouvrage De Quoi Sarkozy est-il le nom ? pour qualifier la politique de Nicolas Sarkozy. Car, affirme-t-il aujourd'hui, « une discussion organisée par le gouvernement sur 'l'identité française' ne peut qu'être la recherche de critère administratifs sur 'qui est un bon Français qui ne l'est pas' ».
La suite de leur conversation met en évidence le fait que le référent identitaire, même lorsqu'il est éloigné de la question circonstancielle de ce fameux « débat national » (qui a depuis fait long feu) continue d'opposer vivement les deux adversaires. Cela, sur chacune des autres thématiques politiques abordées dans le volume : Mai 68 ; le judaïsme et Israël ; l'idée du communisme. La réflexion d'Alain Finkielkraut s'organise en effet autour de sa fidélité affichée à une appartenance singulière transmise par l'héritage culturel ou par l'École républicaine (une identité unifiée, fondée sur la perpétuation de référents traditionnels et le respect d'un certain nombre de symboles qui seraient aujourd'hui bafoués : le drapeau, l'hymne national, l'autorité professale, etc.). À cette conception qu'il juge « étriquée », Alain Badiou oppose la conception suivante : l'identité (en supposant que l'on en accepte la catégorie) doit, selon lui, être immédiatement transmissible de façon universelle, résultant d'un choix personnel et surtout : maintenue à l'écart de l'État. En substance, la politique doit pouvoir se satisfaire d'identités multiples, et s'organiser indépendamment des frontières nationales. Quand Alain Finkielkraut s'emploie à déplorer « la perte des choses » (et donc à souhaiter le retour à un ordre ancien), mais aussi à s'affliger de « la dévastation de la terre, [du] progrès de la laideur, [de] la destruction de la faculté d'attention, [de] la disparition du silence, [et de] l'entrée dans l'âge technique de la liquéfaction de tout », Alain Badiou avance quant à lui la conception d'un monde ouvert où le phénomène nouveau serait que le « la prolétarisation générale du monde s'est étendue au-delà de notre continent [.] alors que le monde est aujourd'hui partout aux mains d'oligarchies financières et médiatiques extrêmement étroites qui imposent un modèle rigide de développement, qui font cela au prix de crises et de guerres incessantes. » Dans ce monde-là, affirme-t-il, « considérer que, le problème c'est de savoir si les filles doivent ou non se mettre un foulard sur la tête, paraît proprement extravagant. »
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La Grèce est au coeur de ce livre, qui lui donne son titre. Tout s'y relit de ce qui a fait son histoire très récente, doublement exemplaire : exemplaire d'abord de la volonté des marchés financiers de lui imposer - jusqu'à la mise sous tutelle - leur politique ; exemplaire aussi des oppositions qu'une telle volonté peut partout soulever, mais n'a soulevées nulle part ailleurs mieux qu'en Grèce.
Exemplaire, la Grèce n'est donc pas seule présente dans ce livre. De sa situation, dit Badiou, « on peut assurément dire qu'elle cristallise plusieurs des contradictions fondamentales qui sont les nôtres, en Europe d'abord, sans doute, mais finalement dans le monde tel qu'il est, le monde livré à l'anarchie autoritaire du capitalisme ». C'est du capitalisme et de ses menées proprement impériales qu'il y est essentiellement question : en Grèce, c'est le point de départ, en Europe, avec et après elle ; en Afrique surtout. Menées de « désorganisation plutôt que de colonisation » auxquelles Badiou donne le nom de politiques de « zonage », qu'il définit ainsi : « pratiques impériales qui ne consistent pas à occuper des pays, à les coloniser, à en extraire tout ce qu'on peut en extraire et à se heurter ensuite éventuellement à des résistances nationales, à des luttes de libération nationales [...] mais à créer de zones où finalement les États sont affaiblis, où les territoires sont dépecés, où se créent des enclaves sous la juridiction d'armées privées ».
Pour encourageante qu'ait été la politique d'opposition des Grecs eux-mêmes à l'hégémonie des marchés financiers, et, après eux, de l'Europe qu'ils se sont assujettie, Badiou n'élude aucune de ses limites. Ainsi conduit-il une analyse acérée, sans concession, du spontanéisme des politiques mouvementistes, quelque sympathie qu'elles suscitent a priori, lesquelles, dit-il, « n'ont strictement aucun autre effet que de souder provisoirement le mouvement dans la faiblesse négative de ses affects ; [...] qui peuvent en effet obtenir un résultat, mais nullement construire la politique de ce résultat, comme on le voit aujourd'hui en Égypte comme en Tunisie ».
Il revient en effet à toute opposition actuelle, s'inspirant des politiques d'émancipation passées, et se réappropriant ce que Badiou a théorisé sous le titre de l'hypothèse communiste, de se constituer a minima suivant ce qu'il appelle ici des « maximes d'orientation » : l'idée égalitaire, le dépérissement de l'État et l'organisation d'un travail indivisé. La victoire de la gauche radicale grecque s'en estelle assez inspiré ? Pas, sans doute. Alain Badiou médite ainsi pour finir sur le destin intellectuel de l'alternance politique grecque.
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Dans ce sixième volume de la série "Circonstances", Alain Badiou examine en philosophe les derniers bouleversements du monde : révolutions arabes (Tunisie, Egypte), révoltes européennes (Espagne, Grande-Bretagne) et crise financière généralisée.
C'est pour lui l'occasion de mettre à l'épreuve ses théories de l'événement et de l'Idée communiste. Prenant le contre-pied du motif de la fin de l'Histoire qui a accompagné la chute du mur de Berlin, Alain Badiou réaffirme le caractère toujours neuf et enthousiasmant de la volonté d'émancipation dont témoigne exemplairement l'actuel "temps des émeutes". Ce temps, qui annonce selon lui un "réveil de l'Histoire", il incombe maintenant à la philosophie de l'accompagner et de le penser.
"De même que les révolutions de 1848, au-delà de leurs échecs circonstanciels, ont sonné pour un siècle et demi le retour de la pensée et de l'action révolutionnaires, de même les soulèvements en cours dans le monde arabe, au-delà des replâtrages que va tenter de leur imposer la "communauté internationale" sonnent, à l'échelle mondiale, le retour de la pensée et de l'action des politiques émancipatrices".
"Une politique tient pour éternel ce que l'émeute a mis au jour sous la forme de l'existence d'un inexistant, et qui est le seul contenu d'un réveil de l'Histoire".
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Entretien platonicien
Alain Badiou, Maria Kakogianni
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 18 Février 2015
- 9782355261404
Un dialogue entre le philosophe platonicien et une jeune doctorante, où sont abordées les thématiques chères à l'auteur des livres de la série « Circonstances » (Lignes) et d'une nouvelle traduction récente de La République de Platon (Fayard). Cet échange fait apparaître une problématique commune, celle de la recherche des « noms » possibles, actuels et futurs, nécessaires à un usage résolument politique de la philosophie.
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Sarkozy, pire que prévu ; les autres, prévoir le pire
Alain Badiou
- Nouvelles Lignes
- Circonstances
- 14 Mars 2012
- 9782355261015
"Sarkozy, c'est entendu, a été pire que je ne l'avais moi-même prévu dans De quoi Sarkozy est-il le nom ?, ce qui n'est pas peu dire.
Faut-il pour autant se faire l'agent électoral et politique de ceux qui incarnent l'autre version du pire, celle qui vous fait avaler la même potion avec de douces paroles consolatrices et vous administre le somnifère des vaines espérances ?" "Aussi bien cet essai, qui n'a évidemment pas pour but de classer et de sélectionner les candidats dans le cadre prescrit de l'hystérie électorale, n'a pas non plus pour but de prôner l'abstention.
S'abstenir n'est pas assez, s'abstenir est encore une modalité d'obéissance à l'injonction électorale, la modalité négative. Ce à quoi il faut parvenir, c'est à une pensée de la politique dont le vote est purement et simplement absent. La subjectivité politique accomplie est celle pour laquelle la question de s'abstenir ne se pose même pas. Car tout ce qui mérite d'être pensé et accompli est hétérogène à cette procédure."
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L'idée du communisme Tome 2 ; conférence de Berlin, 2010
Alain Badiou, Slavoj Zizek
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 14 Avril 2011
- 9782355260742
La conférence de Berlin organisée en mars 2010 s'est donnée pour objectif de prolonger celle de Londres (2009) en étudiant plus particulièrement le lien entre l'Idée du communisme et sa mise en pratique durant les décennies passées. Cela nécessitait une analyse des expériences des états socialistes et de leur échec cuisant. C'est à partir de leurs analyses respectives que les intervenants de plusieurs pays (et notamment des pays ex-soviétiques) étaient ici conviés pour proposer leur vision propre d'une nouvelle orientation émancipatrice, orientation définissable comme « communiste ».
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De quoi Sarkozy est-il le nom?
Alain Badiou
- Nouvelles Lignes
- Circonstances
- 27 Octobre 2007
- 9782355260032
Les détracteurs du « gouvernement Sarkozy » devront s'y résoudre : ce n'est pas plus dans l'examen de la personnalité de son « chef » que dans le compte des ralliements qu'il suscite qu'ils trouveront le moyen d'en précipiter la chute.
Le philosophe Alain Badiou pose que, face à la brutalité (historiquement inscrite et idéologiquement fondée) des lois actuelles, la gauche ne peut qu'assumer à son tour l'héritage de ses valeurs essentielles, celles que le gouvernement et ses amis se plaisent à désigner comme obsolètes, irresponsables, ou même dangereuses. Ce n'est qu'ainsi qu'une véritable politique d'émancipation pourra à nouveau émerger.