À quels sombres trafics se livrent les clients de l'auberge du Bon Chien Jaune? Une nuit, le jeune Louis-Marie surprend une conversation entre matelots. Il y est question du «Hollandais-Volant», ce vaisseau fantôme qui sème la terreur sur les mers. Impossible de résister à l'appel de l'aventure: Louis-Marie embarque aussitôt avec la bande pour une mystérieuse expédition... Drapeau noir et abordages en série: un grand classique du roman de piraterie.
La confrontation, pleine de sens et de saveur, de l'aventurier passif, Joseph Krühl, qui se contente de rêver aux pirates, et de l'aventurier actif, Simon Eliasar, occupé de chasse au trésor. Tous deux pourtant s'embarquent ensemble et leur destin s'accomplira sur une île.Étonnant adieu au romantisme et au pittoresque, ce récit ingénieux contient toute la poésie de l'aventure.
Ce petit manuel est destiné à ne tromper personne. En le lisant, un jeune homme, un peu mou, sans vocation précise, peut devenir un aventurier de bon ton, sans se compromettre, ce qui n'est pas plus sot que de gémir en prison pour avoir trop présumé de l'élasticité des lois en matière commerciale.
Partant du principe que l'aventure n'existe que dans l'esprit de celui qui la poursuit, Mac Orlan invente dans ce petit bréviaire, écrit en 1920, un moyen unique de parer aux inévitables dangers et déceptions qui menacent les nostalgiques d'horizons lointains.
«C'est la seule femme dans cette salle dont la chevelure ne soit pas coupée sur la nuque... L'odeur secrète du dancing, comme celle de l'année 1919, est encore l'odeur doucereuse et fade du sang. Nelly est belle, d'une beauté nettement parisienne. C'est vraiment une fille de la rue élevée au grand pouvoir. La bouche est une bouche pâle de la rue, et les yeux, durs et gris, ont pris leur éclat définitif dans un autre décor que celui-là.»
Brest, 1777. Yves-Marie, seize ans, est décidé à devenir officier de marine. Mais lui qui ne rêve que de grand large et d'aventures passe ses journées dans la boutique de son père. Lorsqu'il apprend qu'un pirate donné pour mort se cache dans les environs, le garçon n'hésite pas : bravant tous les dangers, il se lance à sa recherche...Un magnifique roman d'aventures, où s'affrontent le rêve et la réalité, par l'auteur des «Clients du Bon Chien Jaune».
«La somme réunie en 1954 sous le titre Poésies documentaires complètes a été composée pour l'essentiel de 1919 à 1925 ; de la fin de la guerre à la célèbre exposition des Arts Décoratifs. Elle s'articule autour des cinq grands poèmes ou recueils : L'Inflation sentimentale (1923), devenu Inflation sentimentale ; Simone de Montmartre (1924) ; Abécédaire des filles et de l'enfant chéri (1924), devenu Abécédaire ; Boutiques (1925) ; Boutiques de la foire (1925), devenu Fêtes foraines. [...] Période de transition, de mutation, de rupture entre l'ancien monde détruit par la guerre et le nouveau qui cherche à émerger de ses ruines. Elle se caractérise par une fièvre de modernisme d'abord sensible avec la promotion de médias nouveaux ou récents : cinéma, photographie, T.S.F., phonographe que Mac Orlan est l'un des premiers à introduire dans l'espace poétique. [...] La poésie de Mac Orlan ne fait qu'enregistrer la mutation des moeurs et le brassage social et cosmopolite entraîné par la première guerre. Ici la reine Dactylo se mêle comme l'eau tiède au vin généreux des hommes (Inflation sentimentale). La gigolette de Bruant a fait place à la garçonne aux cheveux courts et coiffés d'une cloche de feutre noir, comme un casque guerrier. Derrière elle le champ de la poésie s'ouvre à des personnages jusque-là confinés dans le roman ou la rubrique des faits divers.» Francis Lacassin.
L'etoile matutine, l'ange du léon, la rose-marie, l'ange du nord, la rose de savannah, entourés du remorqueur iroise et du baliseur léon bourdelles, ce sont les navires de pierre mac orlan que l'on retrouve dans ce volume.
L'homme demeure aujourd'hui un écrivain plein de mystères, à la célèbre silhouette de forban à la retraite, coiffé d'un béret à pompon comme on en porte dans les highlands, et accompagné d'un perroquet nommé dagobert. la réunion inattendue de ses " romans maritimes " permet peut-être d'en percer quelques-uns. pierre mac orlan, qui fut journaliste, savait saisir de façon incomparable l'âme des lieux.
Il connaissait " tous les secrets de l'aventure, depuis celle qui accompagne les matelots à leur insu jusqu'à celle qui marche à pas feutrés sur l'aire des chaumières et sur les carreaux des petits bars embrumés ". il disait aussi : " l'aventure est dans l'imagination de celui qui la désire.".
Avec Rues secrètes, Pierre Mac Orlan nous entraîne dans les quartiers chauds du pourtour méditerranéen, notamment en Afrique du Nord à la fin des années 1920. Le grand écrivain sait rendre extrêmement vivant ce milieu qu'il a fréquenté et qu'il connaît bien, et son regard, à la fois tendre et lucide sur la population des prostituées et des souteneurs, relayé par un style inimitable, fait de cette quasi-enquête une oeuvre dont les accents de vérité retentissent longtemps après qu'on a refermé le livre.
«Le cou rompu et les épaules endolories par le havresac de toile bise, nous cheminions sans dire un mot. Le soleil dardait ses rayons sur un paysage de blé, coupé par la route poussiéreuse que nous suivions et qui descendait du coteau de Vimy-en-Gohelle où nous avions fait étape dans la grange du curé. Nous étions trois soldats du régiment de Picardie en route pour rejoindre le détachement de M. Charpignon, notre lieutenant, qui nous attendait dans le village d'Allaine près de Péronne, avec cinquante recrues qu'il devait conduire à M. de la Rochetullon qui commandait alors le 2? bataillon de notre régiment».
Fanny Hill est une coquine. Elle naquit en 1790 dans un petit village de la Somme. À dix ans, ses parents étant morts de la petite vérole, elle rencontre un vagabond qui l'initie à des procédés qui ne sont pas de son âge. Bientôt, nous la retrouvons à Boulogne. Elle est la maîtresse du matelot La Carline, un joyeux drôle qui lui fait connaître Mylord Coloquinte. C'est ainsi que la fillette passe en Angleterre. Trois ans de concubinage avec Mylord Coloquinte, espion britannique, c'est beaucoup. Fanny l'empoisonne. La voilà lâchée dans Londres. Après quelques années de misère dans le sordide quartier de Whapping, elle a l'idée d'aller à King's Place, centre luxueux de la vie galante londonienne. À King's Place, les «maisons» sont accueillantes. Fanny Hill fait fortune. Elle parvient même à avoir une de ces maisons à elle. Mais ses aventures pour autant ne sont pas finies.
Marguerite de la nuit (1925) est une transposition contem-poraine du célèbre mythe de Faust dans le Montmartre des années 1920.
Dans un meublé de la place du tertre un vieillard, Georges Faust, professeur à la retraite achève sa vie en compagnie de son chat Murke. Baignant dans ses souvenirs, se remé-morant ses premières années d'enseignement, le vieil homme de 82 ans passe ses journées à observer les piles de livres qui entourent sa chambre, lui rappelant ainsi les belles heures d'une vie achevée.
Un soir, Georges décide d'aller au Saharet, un genre de boîte de nuit du quartier de Pigalle où mac et prostitués côtoient des hommes en perdition. A cet endroit, il ren-contre Léon, un dealer de cocaïne qui deviendra le nouveau Méphistophélès, prêt à lui offrir une nouvelle jeunesse en échange de son âme. Au cours de la même soirée, Georges rencontre Marguerite, une jeune femme qui hante les cafés de la place Pigalle du soir au matin. La vision d'une si jolie fille convainc Faust de signer la vente de son âme en échange d'une jeunesse lui permettant de conquérir Mar-guerite.
Le charme de cette transposition de Mac Orlan réside autant dans l'humour de l'auteur que dans le rajeunissement de la légende de Faust ; son génie de l'atmosphère nous restitue miraculeusement le Paris des années vingt.
Les Feux du Batavia, paru en 1926, est un des premiers récits du grand écrivain, Pierre Mac Orlan, sur le bateau hollandais, le Batavia, qui fit naufrage en Indonésie. Pour mémoire, le Batavia fit naufrage et sombra en 1629. Les survivants de la catastrophe se rendirent sur l'archipel des Abrolhos de Houtman, où eut lieu un des massacres les plus effroyables du XVIIe siècle. Ce tragique événement marqua durablement l'opinion publique et a inspiré, notamment ces dernières années, Simon Leyf pour ses Naufragés du Batavia ui ont connu, un important succès en librairie.
Quoi qu'il arrive, Mac Orlan reste le poète et romancier de l'aventure transfigurée par son imagination. Et c'est sans doute dans ses romans maritimes que son talent de conteur s'exprime le mieux.
Les Feux du "Batavia" racontent une ville port : Marseille et ses "Filles d'amour" qui attendent de pouvoir exploiter la clientème fortunée du fameux navire hollandais le Batavia...
«J'ai souvent pensé à toi, sale fumier que tu es... Je pressentais qu'une nuit ou un jour quelconque, tu me lâcherais à la face les sales preuves que tu n'es qu'une bourrique. Cette nuit est arrivée maintenant. Je t'ai raconté tout ce que j'avais à te dire : c'est moi, moi, Filieth, l'assassin de Leboeuf, à Rouen... Que vas-tu faire ?... Allez... parle !Lucas se tenait immobile, à quelques mètres de Pierre Gilieth. Quand celui-ci eut fini de parler, il se fit un grand silence. Les poules d'eau, craintives, bruissaient dans les roseaux. Au loin, vers Dar Saboun, on entendait les légionnaires qui chantaient en choeur : Trianera, Trianera.»
«C'est dans ce paysage de mer et d'usines, de moulins à vent et de maisons basses à volets multicolores que Gertrude Dewryter se glissait quand les derniers pas des soldats allemands s'étaient perdus dans les dunes. Je l'imaginais mêlée à ces nuits surpeuplées d'apparences qui furent les nuits de guerre. Des pièces aboyaient à l'heure fixée dans la direction du large. Des automobiles, tous feux éteints, roulaient sans trop de bruit dans la direction de Bruges. La fille, émue par sa mission et par la nuit, se faufilait comme une ombre légère. Elle revenait ce soir vers moi, passant indiscret. J'apercevais son visage livide et sanglant. En se sacrifiant, elle ne pouvait prévoir qu'elle mourrait avec un visage aussi livide et aussi sanglant.»
Un soir de décembre 1837, dans le Sud algérien, au seuil d'une contrée dominée par la mystérieuse «Rose des Sables». Un feu allumé par un voyageur en attire un autre, puis un autre. Avant de repartir dans la nuit, chacun de leur côté, les inconnus s'échangent des confidences. Tous trois suivent la trace d'une femme. Le premier pour la tuer, le second pour l'épouser, le troisième pour qu'elle lui rende son honneur.Ils se rencontreront une nouvelle fois mais dans la mort. Les cadavres de deux d'entre eux seront abandonnés aux charognards du désert. Seul le dernier aura droit à une tombe recouverte de pierres.Devinez lequel...
Dans leur maison de Santenay, les deux frères Gohelle, Nicolas l'écrivain et Simon le peintre, sont les témoins d'une époque historique, pendant laquelle l'Europe et le monde subissent une étrange transformation. Visionnaire lyrique, mais aussi humoriste, tel se montre Mac Orlan dans ce livre prophétique, écrit en 1923, et dont la dernière et hallucinante image fait apparaître le corps d'une petite femme de 1920, avec son chapeau cloche, crucifiée au milieu d'une immense plaine couverte de neige.
«L'homme s'appelait Miele Vermeulen. On le vit surgir de la pluie fine comme un brouillard au sommet d'une dune agrémentée de quelques touffes d'oyats courbés par le vent qui soufflait de la mer dans la direction de Knokke.Miele Vermeulen, vêtu de velours vert bouteille, sautillait adroitement sur son unique jambe. C'était un homme robuste de quarante-huit ans. Il avait été amputé de cette jambe à la suite d'une blessure de guerre, devant Poperinghe où il était né.-Gottverdom de nom de dju de milliards de nom de dju !».
Pierre Mac Orlan, dans le Manuel du parfait aventurier, explique que l'aventure est une illusion, un mirage coloré à la géographie mouvante et protéiforme, hantée par deux types d'individus : l'aventurier actif et l'aventurier passif.
" L'aventurier passif n'existe qu'à la condition de vivre en parasite sur les aventuriers de l'aventurier actif ". Le romancier d'aventures est à ses yeux la plus noble incarnation du premier type. Aussi tout au long de son existence s'est-il attaché à ces aventuriers passifs magnifiques que furent entre autres James Fenimore Cooper, Stevenson, Kipling, Melville ou Cendrars. Il leur rend de vivants hommages dans la série de préfaces (composées entre 1929 et 1963) réunies ici.
Édition définitive
Roman criminel ? Roman fantastique ?... Crimes crapuleux ou jeu implacable des forces mauvaises du destin ?... Qui, mieux que Pierre Mac Orlan, est capable de déclencher le secret mécanisme de ce fantastique social, où le fait divers se révèle drame humain, où le quotidien se mue en tragédie perpétuelle ? Les personnages dangereux de La Tradition de Minuit, comme ceux du Quai des Brumes et de La Bandera du même auteur, ont, le cinéma aidant, déjà pris corps dans l'imagination populaire. Ils y font figure de tristes héros des temps modernes, marqués par la fatalité, au même titre que certains personnages légendaires d'un passé, qui pour paraître fantomatique à l'heure présente, ne fut pas moins terriblement réel. L'imagination, la sensibilité, le don poétique, grâce auxquels il opère cette magique transfiguration des réalités les plus cruelles et les plus équivoques, font de lui un auteur néo-romantique qui dure encore aujourd'hui. La Tradition de Minuit compte parmi les oeuvres dont la valeur littéraire et humaine restera attachée à cette renommée.
À travers l'Europe frappée de stupeur, la Cavalière Elsa entraîne les hordes révolutionnaires. Charmante et monstrueuse image de l'inconsciente fatalité, elle est l'idole créée de toutes pièces par un aventurier sceptique et corrompu, curieux de faire sur la plus vaste échelle possible, et pour son plaisir personnel, l'expérience de l'âme humaine en proie au mysticisme sensuel et à l'enthousiasme religieux.Toujours en avance sur son temps, Mac Orlan, avec ce livre légendaire, inventait la politique-fiction.
François Villon, Daniel Defoe, l'abbé Prévost, Goethe, Victor Hugo, Chamisso, Nerval, Verlaine, Oscar Wilde, Jules Laforgue, Apollinaire, G. de Pawlowski, Alfred Doblin, Jacques Prévert, Paul Gilson, Albert Simonin... Ce n'est pas le hasard des préfaces pour éditions de luxe et autres travaux de librairie qui a conduit jusqu'à Saint-Cyr-sur-Morin ces Visiteurs de minuit. C'est plutôt un appel diffus né d'une appartenance à un même groupe sanguin littéraire, à une famille d'esprit dont Mac Orlan est l'héritier comblé.Pour comprendre le secret de famille de ces seize fantômes, il serait vain de les comparer dans leur oeuvre ou dans leur vie. Mieux vaut s'interroger sur le rapport de chacun d'eux à l'oeuvre de Mac Orlan. Ils ont tous contribué à la création du «fantastique social» qui inspire ses livres et ses chansons. En célébrant leurs mérites, il éclaire son oeuvre. Ce grand pudique ne se livre jamais qu'à travers les autres.Francis Lacassin.