Des voix s'élèvent de la nuit d'Athènes pour célébrer l'amour. Les invités du banquet d'Agathon - ce sont ses talents de tragédien que l'on fête - livrent tout à tour leur version d'Eros. Le vin lourd et épicé délie les langues. L'invention va atteindre des sommets d'extravagance avec le mythe d'Aristophane. L'intensité dramatique, modulée de main de maître, va crescendo. Enfin, Socrate prend la parole, mais plutôt que de pousser son avantage dialectique, il choisit de rapporter les propos que lui a tenus jadis la prêtresse de Mantinée. C'est unique dans l'oeuvre de Platon, et disons-le rarissime dans l'histoire de la pensée occidentale : c'est à une femme que revient la tâche d'initier le philosophe au mystère de l'amour.
Ce que dit Diotime va changer l'histoire de notre sensibilité ; George Steiner le montre dans la préface : "l' 'Eros authentique est une quête de l'immortalité, notre vie n'est valable que si elle aspire à la vision de la beauté absolue, qui est aussi vérité".
Texte établi et traduit par Paul Vicaire, annoté par François L'Yvonnet.
Préface de George Steiner.
Jamais, peut-être, socrate ne fut aussi tranquille qu'en cette journée particulière qui s'achève par un arrêt de mort .
Le procès, banal par certains côtés (ce n'est ni la première ni la dernière fois que l'on aura la peau d'un homme libre), a pour nous valeur de symbole. il est l'un des événements fondateurs de notre identité intellectuelle : il décidera de la vocation philosophique de platon. l'histoire de la pensée occidentale porte la marque de cette césure : il y a l'avant et l'après socrate. chaque fois qu'une communauté tente, par la censure, l'ostracisme ou le meurtre, de réduire au silence un étranger moral ou intellec tuel à l'intérieur de ses murs, de bâillonner ou d'effacer ses interrogations intolérables, elle vit une heure socratique.
" (george steiner).
Les Métamorphoses d'Ovide (43 av. J.-C.-17 ap.) sont pour la poésie latine une sorte de livre des records, de longueur (11995 vers évoquant ou narrant 250 métamorphoses en quelque 150 épisodes), mais aussi de variété des genres, des styles et des procédés narratifs. Couvrant toute l'histoire du monde, du chaos originel au temps d'Auguste où écrit le poète, sorte d'oeuvre-univers dont la structure labyrinthique fait un véritable et fascinant palais des mirages, "Légende dorée" ou "Vatican du paganisme", "Mille et une nuits de l'Antiquité" elles s'ouvrent sur un récit de la Genèse et s'achèvent, après un long et passionnant prêche philosophique prononcé par Pythagore (569-475 av. J.-C.), sur la promesse de divinisation de l'empereur régnant et d'immortalité du poète, après avoir offert au lecteur, sans jamais l'ennuyer, une profusion de récits épiques et de contes burlesques, édifiants, émouvants ou galants dont la postérité n'a cessé de recycler les inépuisables joyaux.
Olivier Sers a traduit Ovide, entreprise sans précédent, vers pour vers, en 11995 alexandrins classiques restituant fidèlement le phrasé et la frappe poétique des hexamètres latins. Pour la première fois le lecteur moderne des Métamorphoses est placé dans la situation même du lecteur antique.
Les deux fils d'oedipe, Etéocle et Polynice, se sont entre-tués au combat. Leur oncle Créon, le roi de Thèbes, décide que le cadavre de Polynice - qui a trahi sa patrie - demeurera exposé sans sépulture. La jeune Antigone, sa soeur, viole volontairement le décret : elle est arrêtée, et récidive. Pour elle, les lois immuables de la conscience, les "lois non écrites", se situent au-dessus des décrets des hommes. Antigone est celle qui désobéit, celle qui dit non, celle qui va au-devant de la mort.
Phèdre est un des nombreux dialogues socratiques transmis par Platon. Il y est question de la beauté et de l'amour, entendu comme désir, dans un premier temps, puis de la beauté d'un discours et de la rhétorique dans un second temps. L'amour comme la rhétorique peuvent éléver la beauté de l'âme mais ils peuvent tout aussi bien l'abaisser, en s'attachant seulement au plaisir et à la domination d'autrui. Au contraire, celui qui, à travers l'être aimé ou à travers le beau discours, contemple des idées pures, gagnera en sagesse et en beauté.
Jubilant dans le baroque aux confins de l'érotisme, du fantastique et de la mort, Les Métamorphoses d'Apulée (IIe siècle), seul roman latin dont nous possédions le texte intégral, racontent à la première personne les tribulations d'un naïf trop curieux qu'une opération de sorcellerie ratée a transformé en âne mais qui n'en pense pas moins, et tissent dans tous les styles la trame parodique d'une comédie humaine dont le dénouement est procuré par l'intervention d'Isis-Reine, Déesse Éminentissime. "Ce livre est un chef-d'oeuvre. Il me donne à moi des vertiges et des éblouissements ; la nature pour elle-même, le paysage, le côté purement pittoresque des choses sont traités là à la moderne et avec un souffle antique et chrétien tout ensemble qui passe au milieu. ça sent l'encens et l'urine, la bestialité s'y marie au mysticisme, nous sommes bien loin encore de ça nous autres comme faisandage moral." (Gustave Flaubert, 1852)
Livre de référence pour toute réflexion sur la poésie et sur la théorie littéraire en Europe depuis près de vingt-trois siècles. En examinant l'épopée et la tragédie, Aristote en décrit les structures et en explique les origines et les fins. Ce faisant, il se démarque radicalement de Platon, qui avait banni toute forme de poésie de sa cité idéale.
Quel est le point commun entre l'invention de la roue, Pompéi, le krach boursier de 1987, Harry Potter et Internet ? Pourquoi ne devrait-on jamais lire un journal ni courir pour attraper un train ? Que peuvent nous apprendre les amants de Catherine de Russie sur les probabilités ? Pourquoi les prévisionnistes sont-ils pratiquement tous des arnaqueurs ? Ce livre révèle tout des Cygnes Noirs, ces événements aléatoires, hautement improbables, qui jalonnent notre vie : ils ont un impact énorme, sont presque impossibles à prévoir, et pourtant, a posteriori, nous essayons toujours de leur trouver une explication rationnelle.
Dans cet ouvrage éclairant, plein d'esprit d'impertinence et bien souvent prophétique, Taleb nous exhorte à ne pas tenir compte des propos de certains "experts" , et nous montre comment cesser de tout prévoir ou comment tirer parti de l'incertitude. Edition augmentée de l'essai Force et fragilité.
Auteur favori aux Enfers ? Commence une quête qui va confronter le dieu fantasque aux dures réalités du monde des ombres : des grenouilles qui le célèbrent dans un grotesque chant moderniste, un monstre puant, des coups. L'art ne sert alors à rien.
Chez les morts, Dionysos doit arbitrer un conflit entre Eschyle et Euripide. Aristophane offre aux spectateurs un concours tragique qui n'a jamais eu lieu, puisque Euripide a commencé sa carrière juste après la mort d'Eschyle. Le combat analyse des poétiques opposées et montre leurs ridicules : l'art sublime d'Eschyle, qui produit de la réalité grandiose, mais abrutit les spectateurs; ou au contraire l'art d'Euripide, qui prétend enseigner le langage et la dialectique aux Athéniens, mais qui, trop subtil, les rend inefficaces et fourbes.
Dionysos choisit Eschyle : Athènes, tout près d'être défaite dans sa guerre avec Sparte (hiver 405), a besoin d'un auteur qui rappelle un âge ancien et meilleur. Le vieil Eschyle remonté sur terre servira à dénoncer le présent. C'est la comédie qui décide, souverainement, de ce que vaut la tragédie et des besoins politiques de la cité.
Qu'adviendrait-il des hommes si, un jour, les femmes s'emparaient du pouvoir ? les athéniens du vème siècle n'hésitaient pas à répondre : la mort.
C'est ce fantasme, ce cauchemar qu'aristophane met en scène dans lysistrata. pour sauver athènes et toute la grèce, les femmes décident de dire non à la guerre. quel moyen plus ingénieux pour convaincre leurs maris que la grève du sexe et la prise de l'acropole ? auparavant soumises au désir et à l'autorité de leurs époux, les femmes d'athènes luttent maintenant pour restaurer les vraies valeurs du mariage civique, seul garant de la pérennité de la cité.
Dans ce carnaval qu'est la comédie ancienne, les hommes cèdent : ils font la paix pour faire l'amour et pour se réapproprier le politique qui, le temps d'une pièce de théâtre, était l'affaire des femmes.
Le de amicitia, l'un des derniers traités de cicéron, s'inscrit dans une tradition de réflexion dont il ne nous reste avant lui que les témoignages de platon et d'aristote.
Mais cicéron, comme dans ses autres ouvrages, écrit pour son temps : au lendemain de l'assassinat de césar, il définit l'amitié à la fois d'après les concepts grecs et en fonction des conditions sociales et politiques de la vie romaine, avec l'intention d'en faire le fondement d'une renaissance de l'esprit républicain.
Cette alliance de la tradition romaine aux principes de sagesse grecs forme le coeur de l'humanisme cicéronien dont s'inspirera notre culture classique.
Lorsqu'il écrit le Cato Maior, au début de l'an - 44, à l'heure où la République agonisante s'apprête à succomber sous les dagues des assassins de César, Cicéron éprouve cruellement le poids des ans (il a soixante-deux ans).
Il imagine un court dialogue philosophique qu'il situe à l'époque glorieuse de Rome, en - 150. Les jeunes Scipion Émilien et Laelius prennent du vieux et toujours vigoureux Caton (quatre-vingt-quatre ans) une leçon de vie. Les réflexions prêtées à l'ancien censeur de - 184 agissent sur l'auteur de ce traité Sur la vieillesse comme un élixir de jouvence et une consolation dans ses malheurs personnels et ses déceptions politiques.
Des propos forts et clairs, à l'image du caractère bien trempé du personnage principal pour conjurer la peur de vieillir.
Avec ce provocant paradoxe, Nassim Nicholas Taleb, l'auteur du best-seller Le Cygne Noir, nous offre un enseignement d'une portée révolutionnaire : comment non seulement surmonter les cataclysmes de notre temps - ces Cygnes Noirs qui fondent sur un homme, une culture, une civilisation, les bouleversent et les réduisent à néant -, mais en faire une source de bienfaits.
De même que le corps humain se renforce à mesure qu'il est soumis au stress et à l'effort, de même que les mouvements populaires grandissent lorsqu'ils sont réprimés, de même le vivant en général se développe d'autant mieux qu'il est confronté à des facteurs de désordre, de volatilité ou à quoi que ce soit à même de le troubler. Cette faculté à non seulement tirer profit du chaos mais à en avoir besoin pour devenir meilleur est « l'antifragile », à l'image de l'antique Hydre de Lerne dont les têtes se multipliaient à mesure qu'elles étaient coupées.
Riche, limpide et spirituel, promenant son lecteur dans les rues tonitruantes de Brooklyn, les chemins de la pensée antique, les dédales de l'affaire Kerviel, de la « gauche caviar » ou les méandres des neurosciences avec autant d'aisance et de légèreté profonde, ce livre, dont la science n'est jamais sans conscience, laisse une question en suspens : êtes-vous prêt à devenir antifragile ?
Juvénal (60-140) se plut à opposer la dépravation de son temps aux moeurs plus chastes et droites des Romains de la République. Après s'être voué d'abord à la rhétorique, cet ami de Martial commença en effet à composer des satires vers l'âge de quarante ans, lorsque la chute de Domitien, puis le règne de Trajan et surtout d'Hadrien lui permirent d'exprimer le fond de son coeur en dénonçant surtout les abus dont il était témoin dans un art partagé entre le réalisme et l'outrance, l'emphase déclamatoire et la concision du proverbe. Juvénal fut poète politique, doublé d' un véritable philosophe et d'un moraliste d'inspiration stoïcienne.
Son oeuvre est un peu plus importante que celle de Perse : seize satires, dont les premières attaquent des travers précis et dont les dernières développent des thèmes moraux plus généraux. Ainsi la troisième satire évoque les embarras de la Ville, la sixième les femmes, la huitième les nobles ou la dixième les voeux...
Cette nouvelle traduction permet d'apprécier la souplesse de la composition des Satires en même temps que leur véhémence, tout en parachevant le travail entamé par Olivier Sers avec La Fureur de voir (Belles Lettres, 1999) et sa nouvelle traduction, très remarquée, dans la même collection, du Satiricon de Pétrone (2001).
La Théogonie est le chant qu'élève en l'honneur des dieux Immortels un poète béotien inspiré par les Muses. Dans ce poème d'époque archaïque, Hésiode célèbre l'ordre divin du monde en racontant la formation de l'univers, la succession des générations divines et la répartition des honneurs parmi les dieux. L'histoire de la famille divine aboutit ainsi à la mise en place de l'ordre éternel de Zeus. Naissances, unions, conflits, alliances et combats dessinent une carte des puissances divines actives dans le monde. Ce processus théogonique attribue à chaque élément du cosmos, aux dieux immortels ainsi qu'aux hommes mortels, les prérogatives et la place qui leur reviennent.
Le poème d'Hésiode n'est pas seulement un chef-d'oeuvre de la littérature antique. Il met véritablement en scène les puissances divines qu'un homme grec pouvait percevoir à l'oeuvre dans l'univers. La Théogonie atteste à quel point, en Grèce ancienne, poésie et religion étaient étroitement liées l'une à l'autre.
Sommes-nous vraiment capables de distinguer le génie visionnaire de l'imbécile chanceux ? Pourquoi nous obstinons-nous à vouloir trouver des messages sensés dans des évènements dus au seul hasard ? Et n'aurionsnous pas une fâcheuse tendance à ordonner le réel selon une routine mentale biaisée, plutôt que de le voir tel qu'il est, avec toute son incertitude ?
La guerre prend place au coeur de l'Antiquité, des guerres mythiques des Olympiens contre les forces du chaos que sont les Titans ou les géants aux guerres réelles et fondatrices comme les guerres médiques ou puniques.
Même la fameuse pax romana, pour être préservée, a nécessité la guerre aux frontières et, en Grèce comme à Rome, la formation du citoyen passe par la maîtrise des armes et la connaissance des textes racontant les combats passés. De plus, la transmission de l'héritage antique s'est fait en vue des guerres présentes et futures : l'étude des ouvrages de l'Antiquité dont le sujet principal portait sur la guerre (Hérodote, Thucydide, Énée le Tacticien, Jules César...), a servi à l'écriture de traités militaires et ce jusqu'à l'époque moderne. Alexandre le Grand considérait déjà l'Iliade comme un véritable manuel de guerre. Dans les écoles militaires fondées tout d'abord par Napoléon, dont le modèle s'est diffusé en Europe et outre-Atlantique, l'étude des classiques était au programme de l'enseignement et les figures héroïques de l'Antiquité qui se sont distinguées sur les champs de bataille ont servi de référence aux auteurs (Le Prince de Machiavel, ...), aux généraux (Carl von Clausewitz, ...) et aux chefs d'État européens (Louis XIV, Frédéric le Grand, Napoléon, ...).
Assortis d'une très belle et très utile chronologie des guerres en Grèce et à Rome, ces 150 textes en traduction, parmi les plus beaux de la littérature donnent envie de se battre pour l'Antiquité.
L'entretien avec Bruno Cabanes permet un regard croisé entre des spécialistes de l'Antiquité et un historien d'époque contemporaine, spécialiste de l'histoire sociale et culturelle de la guerre d'époque moderne. Bruno Cabanes qui travaille aux États-Unis multiplie les publications sur la Première Guerre mondiale et occupe une place visible dans les médias. Cet entretien est l'occasion d'un rare dialogue entre deux périodes historiques aussi distantes.
La Médée mythique était une magicienne aux pouvoirs redoutables, plusieurs fois criminelle. Ici, elle s'impose la catastrophe. Pour faire payer son infidélité à Jason, elle devient meurtrière de leurs enfants. Euripide a sans doute inventé ce crime.
Elle ne se contente pas de se venger, mais anéantit le monde pour lequel son mari la quitte : elle désagrège la jeune rivale en même temps que son père, le roi de Corinthe, et, avec ses enfants, elle détruit le passé. Rien ne doit en rester, puisqu'il a été nié. Dans cette tragédie, elle est le divin. Petite-fille du Soleil, elle s'était donnée librement à un mortel ; elle se reprend, mais dans un désastre qui la touche aussi.
Euripide a choisi de ne pas mettre en scène la magie, mais la virtuosité avec laquelle l'étrangère parle les mots des Grecs, pour tuer. Contrairement à ce que disait Nietzsche, la dialectique ne dénature pas la tragédie, elle la renforce.
Récurseur du "roman" (avec L'Âne d'or d'Apulée), le Satiricon, dont ne nous sont parvenus que de larges extraits et que le film de Fellini a contribué à populariser, est l'oeuvre d'un auteur dont nous ne connaissons que la date de la mort (66 après J.C.). Il dut, semble-il, se suicider après avoir perdu l'estime de Néron, non sans avoir composé un libelle contre ses débauches.
Son narrateur est Eucolpe, qui va d'aventure en aventure dans une ville de la côte, accompagné de son ami Ascylte et de son esclave, le petit Giton (dont on connaît la postérité lexicale). Rejoints par le poète Eumolpe, ils embarquent et font naufrage près de Crotone. Trois temps forts rythment le récit : le repas de Trimalcion, la légende de la veuve d'Ephèse, le séjour à Crotone.
Aux bas-fonds et auberges mal famées arpentés par les déclassés, font écho les dévergondages de la haute société impériale, le tout raconté avec bonhomie, ironie ou parfois naïveté mais aussi parodie et persiflage.
C'est avec le Satiricon que, pour la première fois, un latin "vulgaire", parlé, accède au statut de langue écrite.
Le texte latin est celui établi en son temps par Alfred Ernout, soigneusement révisé par le traducteur, qui donne en annexe la liste et les raisons des variantes retenues.
Êtes-vous prêt à mettre votre peau en jeu ?
Pourquoi devrait-on cesser d'écouter ceux qui parlent au lieu d'agir ? Pourquoi les entreprises font-elles faillite ? Comment se fait-il que nous avons plus d'esclaves aujourd'hui qu'au temps des Romains ?
Pourquoi imposer la démocratie aux autres pays ne marche jamais ?
En 63 avant notre ère, la République romaine vit des heures explosives. Les divisions politiques, l'accroissement de la misère, l'omniprésence de la violence touchent tous les degrés de la société. Il ne manque qu'un chef pour cueillir les fruits de la déliquescence de l'État, provoquer une révolution et précipiter Rome dans les affres d'une guerre civile. Ce meneur, dévoré de haine et d'ambition, est un patricien ruiné, charismatique et débauché, Lucius Sergius Catilina. Face à lui, un « homme nouveau », un consul qui manie l'art oratoire avec maestria, un avocat qui a su faire de ses phrases des armes redoutables, Cicéron. En quatre discours, ce maître des mots va chasser Catilina, retourner le peuple et du moins croit-il sauver la République.À travers ces Catilinaires, c'est l'histoire du plus formidable complot jamais ourdi contre l'État romain qui s'écrit, pour la plus grande gloire de leur auteur.
Pline le Jeune se conforme aux usages lorsque, à l'occasion de son entrée en charge au consulat en l'an 100, il prononce un discours pour remercier l'empereur Trajan de son accession à la prestigieuse magistrature sénatoriale. Plus original fut le remaniement de ce discours, fruit d'un travail de plusieurs mois afin de l'étendre, de l'enrichir et d'en faire une oeuvre de prose oratoire qui, sous le nom de Panégyrique de Trajan, devint, pour plusieurs siècles, le modèle du genre.
Dans cet éloge courtisan, Pline loue les vertus du prince pour mieux critiquer les vices de ses prédécesseurs, en particulier ceux de Domitien. La célébration dans l'oeuvre de la liberté retrouvée après l'assassinat du dernier Flavien tranche avec les années du despotisme que celui-ci exerça et qu'inlassablement Pline fustige.
Les tragédies de Sénèque ont inspiré directement, et parfois littéralement, Shakespeare, Corneille et Racine, et pourtant, jusqu'au XXe siècle, on les tenait pour injouables et leur réputation était exécrable auprès des critiques.
Tout a changé à partir de 1932 où Georges et Ludmilla Pitoëff ont monté Médée, suscitant l'enthousiasme d'Antonin Artaud qui dès lors vit en lui « le plus grand auteur tragique de l'histoire [...]. Je pleure en lisant son théâtre d'inspiré, et j'y sens sous le verbe des syllabes crépiter de la plus atroce manière le bouillonnement des forces du chaos ».
Aujourd'hui, on ne se pose plus la question de savoir si Sénèque est jouable, on le joue.
L'écriture versifiée est un élément scénique majeur de ces textes dont une grande partie était chantée, voire dansée. C'est entre autres pour cette raison qu'on les trouvera traduits ici, non seulement vers pour vers, mais avec la même variété métrique que dans le texte original.