« L'amour des livres et de la lecture respire à travers ce chef-d'oeuvre. Je suis absolument certain qu'il sera lu même une fois que ses lecteurs actuels seront passés dans l'au-delà. Mario Vargas Llosa Vallejo a judicieusement décidé de se libérer du style académique pour choisir la voix du conteur. L'histoire n'est pas considérée comme une liste d'ouvrages cités, mais comme une fable. Ainsi, pour n'importe quel lecteur curieux, ce charmant essai est accessible et émouvant dans sa simplicité parce qu'il est un hommage aux livres par une lectrice passionnée. » Quand les livres ont-ils été inventés ? Comment ont-ils traversé les siècles pour se frayer une place dans nos librairies, nos bibliothèques, sur nos étagères ?Irene Vallejo nous convie à un long voyage, des champs de bataille d'Alexandre le Grand à la Villa des Papyrus après l'éruption du Vésuve, des palais de la sulfureuse Cléopâtre au supplice de la philosophe Hypatie, des camps de concentration à la bibliothèque de Sarajevo en pleine guerre des Balkans, mais aussi dans les somptueuses collections de manuscrits enluminés d'Oxford et dans le trésor des mots où les poètes de toutes les nations se trouvent réunis. Grâce à son formidable talent de conteuse, Irene Vallejo nous fait découvrir cette route parsemée d'inventions révolutionnaires et de tragédies dont les livres sont toujours ressortis plus forts et plus pérennes. L'Infini dans un roseau est une ode à cet immense pouvoir des livres et à tous ceux qui, depuis des générations, en sont conscients et permettent la transmission du savoir et des récits. Conteurs, scribes, enlumineurs, traducteurs, vendeurs ambulants, moines, espions, rebelles, aventuriers, lecteurs ! Autant de personnes dont l'histoire a rarement gardé la trace mais qui sont les véritables sauveurs de livres, les vrais héros de cette aventure millénaire.
Les Cosaques, achevé en 1862, constitue l'oeuvre la plus audacieuse de Tolstoï, celle où s'exprime avec le plus de violence sa nature charnelle et où surgit en pleine lumière le visage païen de sa personnalité complexe.
Ce roman teinté d'autobiographie nous livre le souvenir vivace d'une expérience intime, celle d'un jeune citadin écoeuré par les frasques de sa vie mondaine qui découvre brusquement la vie paisible et simple des Cosaques. Dans sa quête du bonheur, Olénine, tout comme Tolstoï dans ses jeunes années, essaye de se dépouiller de tout l'acquis de son éducation pour devenir semblable à ceux qui l'entourent. Au milieu d'une nature partout présente et révérée, la vie du village est cadencée par les récoltes, la chasse, le bétail et les heures passées à l'ombre du verger.
Certes les abreks, montagnards inféodés, rôdent non loin, mais ils ne sont considérés que comme une distraction de plus pour juger de la bravoure des jeunes cosaques. Les officiers russes, à l'instar d'Olénine, peinent à s'intégrer à ces hommes frustes dont ils admirent pourtant l'insouciance. Le héros du roman, émerveillé par cette vie nouvelle, n'en finira pas moins par fuir, déjà oublié par ceux-là mêmes en qui il portait toutes ses espérances.
Depuis quarante ans, les livres de Florence Braunstein et Jean-François Pépin sont des sillons creusés dans l'histoire du temps, des émotions gravées au coeur de leurs lecteurs, une invitation à partager cette culture générale dont nul ne doit être exclu.
Un été de culture G pour toute la vie invite à l'empathie pour l'exceptionnelle et ancestrale capacité des hommes à produire de la culture sous toutes ses formes.
Par la science, les mythes et la poésie, vous découvrirez comment nous avons apprivoisé l'Univers et la Terre. Vous comprendrez la naissance des villes, l'invention des langues, le choix de nos systèmes politiques et de nos économies. Vous vous lancerez sur les pas des explorateurs, vous ressourcerez en remontant les fleuves saints et contemplerez les cités sacrées.
Puis, vous plongerez dans l'Histoire : souverains, reines de légendes, conflits et guerres. Enfin, vous entrerez dans les bibliothèques, les salons et cafés, visiterez les musées. Chemin faisant, vous traquerez l'art du portrait, celui du romancier et du peintre. Puis vous vous délasserez de mangas et de comics, et vous irez danser et chanter au rythme du ragtime ou de la cantopop. À la fin de ce tour de l'histoire de l'humanité, vous aurez assez de culture générale pour inventer votre âme.
Le Gorgias est sans doute le plus animé et le plus féroce des dialogues platoniciens. A la faveur de la discussion qui oppose Socrate au sophiste Gorgias et à l'incroyable rhéteur Calliclès, Platon conduit la philosophie en un lieu où on ne voulait pas l'attendre : au sein des assemblées, des tribunaux et des discussions publiques où la question est posée de la "meilleure manière de vivre". A l'encontre de la rhétorique athénienne, la philosophie revendique la prétention exclusive d'être le seul discours éthique. Qu'il s'agisse des plaisirs, dont on ne peut vraiment jouir qu'à la condition de les maîtriser et de les connaître, ou du soin de la cité, qui exige un gouvernement susceptible d'améliorer les citoyens, la philosophie fait ici valoir sa compétence à ordonner les conduites.
Sans doute écrit au moment où Platon fondait à Athènes l'Académie (autour de 387), le Gorgias veut être le protocole éthique d'un engagement politique ; il débat donc des conditions du gouvernement de soi et des autres.
La lettre écarlate, c'est la marque au fer rouge qui désigne la femme adultère dans l'amérique du puritanisme obsessionnel de l'époque coloniale.
Trois personnages : hester qui vit avec une dignité admirable sa faute et sa solitude. arthur dimmesdale, le jeune pasteur dont les élans mystiques soulèvent à boston l'enthousiasme des fidèles mais qui, ensorcelé par hester, ne parvient ni à dominer ni à vivre sa sensualité. chillingworth, le mari, qui pendant des années tourmentera en silence le pasteur jusqu'à la folie et la mort. le premier des grands romans américains, la clef d'une sensibilité nationale toujours partagée entre la tentation du scandale et le démon de la culpabilité.
Léonard de Vinci et Michel-Ange sont nés pour être rivaux. Rien ne les a opposés davantage que leurs tempéraments. Au point qu'ils figurent deux pôles artistiques extrêmes, deux façons radicalement différentes de vivre, à cette époque fabuleuse de la Renaissance qui marqua l'histoire de la civilisation occidentale comme une charnière. Avec brio et rigueur, Le génie et les ténèbres nous plonge au coeur de leur rivalité légendaire en ces temps obscurs, exaltants et tragiques. Quand ils se rencontrent, à Florence, au tout début du XVIe siècle, Michel-Ange a vingt-six ans et Léonard quarante-neuf. Michel-Ange est capricieux, perfectionniste, aussi pieux qu'il est négligé dans ses manières, mais déterminé à se frayer un chemin à coups de burin. Léonard de Vinci est un hédoniste aux contours plus nuancés, aussi élégant qu'un dandy, mais qui ne respecte aucune échéance, s'intéresse autant aux sciences qu'aux arts, et devient même, parmi les multiples métiers qu'il exerce pour gagner sa vie, musicien de cour.
Avec son talent de conteur d'exception, Roberto Mercadini redonne vie aux hommes plus encore qu'aux artistes et ressuscite à merveille leur monde disparu : les troubles et les splendeurs de cités légendaires, quantité d'oeuvres sublimes, une foule de personnages historiques hauts en couleur, peintres, sculpteurs, architectes, papes, condottieres, comtesses guerrières et moines rebelles.
À la Renaissance, comme dans les vies de Léonard et de Michel-Ange, rien ne sépare la lumière des ombres : le génie solaire des gestes parfaits de l'artiste cohabite toujours avec les ténèbres de ses obsessions. Au fil de leur somptueux et inquiétant récit, ces vies extraordinaires dressent en creux le portrait d'une époque qui ne l'est pas moins.
Porté aux nues par les plus grands - d'Octavio Paz à Roman Jakobson et António Tabucchi -, Pessoa compte aujourd'hui, avec un Rilke, un Joyce ou un Kafka, comme l'un des sommets de la culture européenne de ce siècle.
Ce premier volume des proses publiées de son vivant par l'auteur réunit, parmi d'autres, certains des textes dont le style provocateur lui valut d'être remercié par les rédacteurs des journaux où ils furent publiés. Pessoa y soutenait « le contradictoire comme thérapeutique de libération », allant jusqu'à prétendre qu'« une créature de nerfs modernes, d'intelligence sans niveaux et de sensibilité éraillée a l'obligation cérébrale de changer d'opinion et de certitude plusieurs fois dans la même journée ».
Pour Pessoa, écrire, c'est comme fabriquer une bombe : il entoure sa dynamite d'une enveloppe de raisonnement, il lui met une traînée de poudre d'humour. Au lecteur d'allumer la mèche !
« En ma qualité d'Autrichien, de Juif, d'écrivain, d'humaniste et de pacifiste, je me suis toujours trouvé présent là où les secousses sismiques se produisent avec le plus de violences (...) Né en 1881 dans un grand et puissant empire (...), il m'a fallu le quitter comme un criminel. Mon oeuvre littéraire, dans sa langue originale, a été réduite en cendres. Étranger partout, l'Europe est perdue pour moi... J'ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison (...). Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture européenne.».
Lorsque, en 1941, réfugié au Brésil, Stefan Zweig rédige Le monde d'hier, il a déjà décidé de mettre fin à ses jours. « Parlez, ô vous, mes souvenirs et rendez au moins un reflet de ma vie avant qu'elle ne sombre dans les ténèbres.».
Chroniqueur de l'«Âge d'or» de l'Europe, il évoque avec bonheur sa vie de bourgeois privilégié, celle de ceux qui furent ses amis: Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal, Rainer Maria Rilke, Romain Rolland, Paul Valéry... Mais, analyste de l'échec d'une civilisation, il s'accuse d'avoir, peu soucieux des réalités sociales et économiques, assisté, aveugle, à la montée des périls.
Le monde d'hier: le chef-d'oeuvre de Stefan Zweig et l'un des plus grands livres-témoignages de notre époque.
Ami de Freud, d'Arthur Schnitzler et Richard Strauss Stefan Zweig (Vienne 1881- Petropolis 1942) fit partie de la fine fleur de l'intelligentsia juive de la capitale autrichienne avant de quitter son pays natal en 1934 sous la pression fasciste. Réfugié à Londres il y poursuit une oeuvre de biographe (Fouché, Marie Antoinette, Marie Stuart) et surtout d'auteur de romans et nouvelles qui ont conservé leur attrait près d'un siècle plus tard (Amok, La pitié dangereuse, La confusion des sentiments). C'est au Brésil qu'il se suicide en 1942, au lendemain du jour où il avai expédié le manuscrit du Monde d'hier à son éditeur.
å'dipe roi incarne le mythe grec le plus radical sur l'homme et la tragédie la plus accomplie du plus classique des tragiques grecs.
Condamné par le destin à tuer son père et à épouser sa mère, å'dipe a fui loin de ceux qu'il croit ses parents pour aller tuer un homme au carrefour de deux routes - son père -, puis épouser la reine de thèbes - sa mère. l'homme aux pieds tuméfiés paraît lentement au seuil du palais : il est seul, en plein jour, face à son peuple frappé par la pestilence. il poursuivra le criminel qui souille la lumière du soleil.
Son regard exprime la clairvoyance qui lui a permis de vaincre la sphinx. mais les trous de son masque annoncent aussi les orbites qu'il percera devant l'évidence : å'dipe rendra son visage conforme à son masque.
Jane Austen, Charlotte et Emily Brontë, Katherine Mansfield et Dorothy Richardson osèrent tour à tour entrer en un jardin interdit, afin de cueillir à l'arbre de la connaissance les fruits étranges et brillants de l'art.
Leurs oeuvres offrent, telle la grenade, sous une écorce parfois âpre, une chair douce et succulente emprisonnant en grains transparents la quintessence même de la vie ensoleillée, la substance sublimée de l'expérience.
Les essais réunis en ce recueil attestent qu'outre une grande romancière, Virginia Woolf fut aussi la plus brillante des pamphlétaires et la lectrice idéale de toutes celles qui cherchèrent un autre phrasé plus androgyne que féminin.
Né du chaos européen du début du Moyen Âge, le chevalier monté et en armure a révolutionné la guerre et est très vite devenu une figure mythique dans l'histoire.
Des conquérants normands de l'Angleterre aux croisés de la Terre sainte, du héros de la chanson de geste au preux du roman arthurien, des amateurs de tournoi aux chevaliers-troubadours, Le Chevalier dans l'Histoire, de la grande médiéviste Frances Gies, brosse un tableau remarquablement vivant et complet de la chevalerie, de sa naissance à son déclin.
Le chevalier apparaît d'abord en Europe comme un mercenaire sans foi ni loi avant de devenir l'étendard de la chrétienté puis un soldat de métier au service des rois. Frances Gies nous fait partager sa vie quotidienne, faite de joutes et de batailles, de pillages et de rançons, mais aussi de dévotion et de pèlerinage, et souvent sanctionnée par l'errance et une mort précoce.
Elle nous fait revivre l'aventure des héros du Moyen Âge qui ont joué un rôle historique, comme Bertrand du Guesclin, Bayard et Sir John Fastolf, qui inspira le Falstaff de Shakespeare, ou les grands maîtres des Ordres militaires qu'étaient les Templiers, les Hospitaliers et les chevaliers teutoniques.
Au seuil de l'histoire et de la littérature de l'Occident (aux alentours du VIIIe siècle avant J.-C.), un immense poème, l'Iliade, conte les exploits en même temps que les peines des héros de la guerre de Troie, et, au centre de ce poème, un immense héros, Achille, exhibe sa force tout autant que ses larmes. Pourrionsnous aujourd'hui concevoir l'idée d'une sensibilité qui serait héroïque ?
Il est bon de toujours retourner à Homère...
Quelles sont les vertus « ordinaires » de nos vies, celles qui passent souvent inaperçues à notre manière d'être sensibles surtout à des gestes marquants ? Carlo Ossola nous les rappelle, vertus pour soi et pour les autres, vertus minimes et communes qui fondent et mesurent l'homme et la société.
Douze de ces qualités quotidiennes, Les vertus communes, ont paru aux Belles Lettres en 2019. Dans les détresses publiques de ces dernières années, poursuivant sa réflexion, il lui a paru nécessaire de mieux distinguer les exercices qui servent à nous former et les conduites à adopter avec les autres ; entre le corps de la société et notre corps subsistent des lacis qui peuvent nous fortifier ou nous étouffer : la vie simple est la manière directe de dégager le « propre » de notre agir.
« Parmi les royaumes bien organisés et gouvernés de notre temps, il y a celui de France, où l'on trouve une infinité de bonnes institutions, dont dépendent la liberté et la sécurité du roi ; au premier rang desquelles figure le parlement avec son autorité. Parce que celui qui institua ce royaume, connaissant l'ambition des puissants et leur insolence et jugeant nécessaire qu'ils aient dans la bouche un frein pour les corriger, sachant d'autre part fondée sur la peur la haine du populaire envers les grands et voulant rassurer ces derniers, ne voulut pas que ce fût là une attribution particulière du roi, pour lui épargner les éventuels griefs des grands s'il favorisait le populaire et ceux du populaire s'il favorisait les grands ; c'est pourquoi il institua un tiers juge chargé, sans qu'on en fît grief au roi, de battre les grands et favoriser les petits ; institution, celle-ci, qui ne pouvait être ni meilleure ni plus prudente, ni une plus grande source de sécurité pour le roi et le royaume. D'où l'on peut tirer un autre enseignement digne d'être noté, à savoir que les princes doivent faire en sorte que soient administrées par d'autres les choses qui sont matière à griefs, et par eux-mêmes celles qui sont matière à gratitude. Et je conclus une nouvelle fois qu'un prince doit faire cas des grands, mais ne pas se faire haïr du peuple. »
« J'ai vu peu à peu se dessiner et s'imposer à mon esprit une sorte de retable, en forme de triptyque déployé en désordre : à gauche, les deux épopées antiques revisitées ; au centre, un vaste paysage français représentant deux « siècles » successifs qui finissent par se fracasser l'un l'autre, l'un au nom de la gloire, l'autre au nom du bonheur. À droite, les deux romans, tous deux russes, qui se portent le mieux témoins de la guerre moderne et contemporaine, prévue et théorisée par le prussien Clausewitz, mais préparée en France dans les deux derniers siècles Bourbon, par des philosophes, théoriciens militaires, mais aussi par des peintres, sculpteurs et graveurs divorcés des délices « rocaille », tenues désormais pour incompatibles avec la vertu, le patriotisme et la liberté de citoyens « à l'antique ». Mais commençons par le milieu du triptyque, avant de ramener l'oeil intérieur du lecteur du côté de l'Antique, puis du côté de la modernité industrielle, manoeuvre opérée avec la liberté et la vitesse de livres que l'on retire sur l'étagère de la bibliothèque, où ils se trouvent juxtaposés sans tenir compte de l'ordre chronologique de leur parution. ».
M. F.
Dans ces échappées politiques et littéraires d'Homère à Grossman, Marc Fumaroli (1932-2020) nous convie à une méditation historique sur la paix et la guerre en Europe. Magistral essai posthume, Dans ma bibliothèque propose un nouveau « regard sur le monde actuel » tout aussi lucide et désillusionné que celui de Paul Valéry et où la sûreté du savoir est servie par toutes les ressources de l'éloquence.
Tragédie du retour du prince désireux de prendre possession de son héritage, tragédie de la vengeance et du châtiment, l'Électre de Sophocle est aussi une tragédie de la philia, où les liens familiaux sont constamment remis en question, détruits, recréés, où des enfants tuent leur mère. Pour attendu qu'il soit, cet aboutissement suscite émotions et questionnements sur son caractère juste, acceptable, dans une tragédie d'où les Érinyes sont absentes, où les dieux, s'ils sont bien présents dans les prières des personnages, laissent ces derniers forger seuls leur destin.
Le commentaire littéraire qui accompagne cette édition bilingue propose de démonter les mécanismes du dispositif tragique construit autour d'une héroïne dont l'action est circonscrite à sa souffrance et à sa parole. Avec Électre, le poète explore les possibilités qu'offrent les tensions de la parole théâtrale et redéfinit les notions d'action et d'héroïsme.
Rome et le monde romain comme on ne vous les a pas racontés, et comme les manuels ne peuvent pas les raconter.
Depuis Romulus jusqu'à la chute de l'empire, ce livre secoue nos certitudes et tend parfois un miroir à nos préoccupations contemporaines, parlant de fake news et de politique-spectacle, d'accès à la citoyenneté entre asile généralisé et fermeture, d'images paradoxales de l'Urbs, de génocides étalés avec complaisance à côté de quelques discours humanitaires, d'une hostilité prétendue au progrès scientifique, de représentations du limes construites en fait au XIXe siècle, d'une extraordinaire et bien réelle capacité à gérer de terribles défaites (parlera-t-on de résilience ?), de l'escamotage des langues de l'empire autres que le latin et le grec, du moins jusqu'aux prêcheurs chrétiens, de l'importance des prodiges et de la multiplicité des cultes locaux, ou encore des « invasions barbares » et du foisonnement des hypothèses sur la chute de l'empire... L'érudition et la familiarité s'associent en un récit passionnant et décapant.
Les sociétés anciennes vivaient sous la menace de la précarité, du chômage, des crises et des épidémies ;
Mais elles vivaient aussi le retour des famines et les rues des villes envahies de mendiants criant à la rage de la faim. Comment les hommes ont-ils vécu ces misères en France au Moyen Âge et à la Renaissance ?
L'enquête tentera d'approcher ce vécu à partir des mots qu'ils utilisaient eux-mêmes, les lieux communs, les proverbes, mais aussi les sentiments, comme la honte ou la pitié, et ce qu'on peut appeler l'imaginaire social.
Nous tenterons de ne pas juger cette société au miroir de la nôtre. Et en approchant le vécu des pauvres et des misérables, nous éclairerons chemin faisant tout un pan de la culture populaire, Tout ce vocabulaire témoigne par ailleurs d'une très ancienne conception du monde, qui allait s'effacer après la Renaissance, lors du désenchantement du monde. Cela valait la peine d'aller voir à la fois du côté de la langue et du côté de l'histoire
Dans cet essai, lauréat de plusieurs prix et salué par J.L. Gaddis à sa sortie, Benn Steil révèle la trame saisissante du Plan Marshall et ses nombreuses résonances avec notre époque. Ce récit historique abouti s'affirme dès aujourd'hui, aux côtés du livre de J.L. Gaddis, comme un classique des études sur la Guerre Froide.
La sagesse épicurienne est devenue tellement célèbre que le mot épicurisme est, de nos jours un nom commun plus que celui d'une doctrine. Et cela - on le sait - au prix de nombreux contre-sens qui défigurent cette philosophie, autant en y cherchant une provocation à la débauche ou au libertinage qu'en en faisant une école d'ascétisme. En proposant une nouvelle traduction de quelques uns des écrits les plus fondamentaux d'Épicure, il s'agit de revenir au coeur de cette doctrine, à la fois oubliée, recouverte, mais vivante, à travers un dialogue avec les illustrations. Il s'agit de lui donner, ou de lui redonner, la présentation qui convient à une sagesse : accessible à tous, proche et utile, tenant en un format resserré et permettant de garder toujours auprès de soi ce précieux ouvrage, comme une sorte de bréviaire.
Sous ce titre sont regroupés des textes très divers :
Articles scientifiques sur les crises et les affrontements qui ont ébranlé le judaïsme, du II?
Siècle avant notre ère aux négateurs du grand massacre du XX? siècle. Sont également repris des préfaces à des ouvrages de passion et de raison, des reportages en Israël, des prises de position dans la presse quotidienne ou hebdomadaire.
Il se trouve que Pierre Vidal-Naquet, qui a choisi le monde antique gréco-romain comme objet d'études historiques, est aussi un Juif. En tant que tel, il s'efforce de penser dans l'histoire, la mémoire, le présent, le destin des siens : journaliste ou historien de métier, c'est un même homme qui a écrit tous ces textes au nom d'un même engagement existentie