Le conflit israélo-arabe, dont l'actualité est surabondamment couverte par les médias, demeure paradoxalement mal connu dans sa genèse, recouverte par des strates d'une histoire mythifiée, légende dorée des uns, légende noire des autres.
C'est au sortir de la Première Guerre mondiale que se cristallise ce qui n'est pas seulement le choc de deux nationalismes, mais un affrontement culturel recouvert par un « conflit religieux » et d'innombrables polémiques sur la nature du projet sioniste. Mais c'est en étudiant la façon dont, bien avant 1914, le conflit prend forme au sein des élites arabes, dans la vieille communauté juive séfarade et parmi les sionistes d'Europe orientale, que se dessinent les enjeux et les discours du XXe siècle.
Ces discours, dominés par la propagande, Georges Bensoussan montre qu'ils sont à mille lieues d'une véritable connaissance historique enracinée dans la longue mémoire des peuples. Ce faisant, il met en lumière l'importance de l'histoire culturelle et de l'anthropologie dans la connaissance d'un conflit vieux de cent quarante ans, dont aucun des schémas explicatifs classiques (du « nationalisme » au « colonialisme » et à l'« impérialisme ») n'est véritablement parvenu à rendre compte.
Compilée dans le Kojiki et le Nihon shoki sur ordre impérial au seuil du VIIe siècle, la mythologie japonaise est presque sans équivalent en Asie : d'une ancienneté avec laquelle seules les traditions chinoises peuvent rivaliser, elle préserve la mémoire de la culture archaïque du Japon tout en constituant un véritable conservatoire de presque toutes les mythologies de l'Asie de l'Est et du Nord-Est.
Terra incognita pour l'Occidental qui, tel Alexandre, ne s'aventure jamais au-delà du monde indien, la mythologie japonaise est pourtant d'une richesse et d'une originalité qui ne le cèdent en rien à ses homologues gréco-romain, nordique ou hindou.
De la création de l'archipel par le couple incestueux Izanaki et Izanami à la descente sur Terre de l'ancêtre de la lignée impériale, en passant par l'origine de la mort ou des céréales, la querelle entre la déesse du Soleil et le trublion cosmique Susanowo, ces légendes, loin d'être un fossile culturel, sont le témoignage d'une pensée mythique restée bien vivante.
Longtemps, ce que l'on a su de l'histoire de Jérusalem, on l'a tiré des auteurs antiques, des témoignages des premiers pèlerins chrétiens et, bien sûr, de la Bible. Mais à partir de 1863, date à laquelle des fouilles sont entreprises sur le site même de la ville sainte, l'archéologie a profondément renouvelé notre compréhension.
Michaël Jasmin relève le défi de retracer quatre millénaires d'une histoire aussi chahutée que fascinante. Intégrant les dernières découvertes archéologiques qu'il fait dialoguer avec les sources les plus diverses, il met au jour les dynamiques urbaines et religieuses propres à la cité des trois monothéismes.
Le 11 mai 330, les cérémonies qui accompagnèrent la fondation par Constantin de la ville à laquelle il donne son nom marquent la naissance du futur Empire que nous appelons byzantin, mais que les empereurs et leurs sujets ont toujours conçu comme romain. Cet empire se maintient pendant plus d'un millénaire, jusqu'à la chute de Constantinople en 1453.
Cet ouvrage retrace l'histoire politique, sociale et économique de Byzance et nous montre comment l'Empire d'Orient, au-delà des discours officiels prônant l'immuabilité des institutions, a su s'adapter, recherchant sans cesse l'équilibre complexe entre une nécessaire autonomie locale et une cohésion centralisatrice.
Apparu à la fin du XIIIe siècle sous le règne d'Osman Ier, fondateur de la dynastie éponyme (arabisée en « ottoman »), l'Empire ottoman a été, durant plus de six siècles, une des principales puissances du monde méditerranéen. Après avoir conquis les Balkans et pris Constantinople en 1453, les Ottomans connaissent leur apogée sous Souliman le Magnifique : leur flotte est réputée invincible, ils contrôlent une majeure partie du bassin méditerranéen, et leur empire s'étend de Vienne à Aden, de Tlemcen à Bakou. Véritable pont entre l'Orient et l'Occident, l'Empire ottoman a permis des mélanges culturels et des interactions durables et féconds, mais a aussi incendié Moscou, assiégé Vienne et combattu contre les Perses, les Polonais et les Kabyles. Allié à l'Allemagne, l'empire disparaît au lendemain de la Grande Guerre, et voit son territoire disloqué entes les puissances occidentales. Edhem Eldem retrace l'histoire d'un empire séculaire, qui a esquissé une synthèse de l'Orient et l'Occident du XIIIe au XXe siècle.
L'histoire de l'Amazonie, dont le peuplement remonte à quelque 13 000 ans, est encore largement méconnue en France. Cette immense région de 7 millions de km2, qui a été le théâtre de développements humains remarquables et insoupçonnés, n'a pas encore révélé toutes ses richesses. De nombreuses innovations déterminantes y ont vu le jour, comme la première céramique du continent américain, la domestication de plus d'une centaine de plantes, et l'édification de structures monumentales et de systèmes agricoles élaborés. Mais au XVIe siècle, cet espace subit une brutale chute démographique indigène avec l'arrivée des Européens, qui marquèrent l'avènement de l'extractivisme dans ce creuset de biodiversité. L'Amazonie devint alors un gisement de bois et de minerais pour les Occidentaux. Menacée aujourd'hui d'un irréversible déséquilibre écologique, l'Amazonie a une histoire, qu'il est essentiel de retracer. Stéphen Rostain s'y emploie dans cet ouvrage, en se fondant sur les plus récentes avancées de l'archéologie, de l'histoire et de l'ethnohistoire.
Faire l'histoire des États-Unis?: le projet permet de lever un premier préjugé, celui d'un pays si «?jeune?» qu'il n'aurait pas d'histoire. Du jour de l'indépendance à la guerre de Sécession, de la conquête de l'Ouest à celle de la Lune, de la crise de 1929 aux attentats du 11 septembre 2001, cet ouvrage raconte le roman vrai de l'Amérique.
Au-delà d'un simple récit chronologique, François Durpaire montre combien les États-Unis résistent à toute compréhension simpliste. Il nous invite à lire l'histoire de ce pays comme celle d'un dialogue ininterrompu entre l'unité et la diversité, qui sont les deux valeurs inscrites dans la devise originelle des États-Unis d'Amérique?: e pluribus unum - «?de plusieurs, un?».
La Chine n'est pas qu'un pays : c'est un monde en soi, qui plonge ses racines dans une histoire trois fois millénaire.
En huit chapitres chronologiques, Damien Chaussende retrace cette histoire, de la naissance de l'écriture vers 1200 avant Jésus-Christ jusqu'à la chute de l'empire des Qing en 1912. Il présente pour chacune des grandes périodes l'essentiel du cadre événementiel et ce qu'il faut en retenir pour comprendre une culture riche et foisonnante. Il fait en outre la part belle à de multiples anecdotes historiques, aux personnages et aux grandes oeuvres qui forment le bagage culturel de tout un chacun dans la Chine d'aujourd'hui.
Véritable petit guide, il sera utile aux amoureux de la Chine, aux étudiants et apprentis sinologues et à tous ceux qui souhaitent découvrir les grands jalons de l'empire du Milieu avant son entrée dans la modernité du XXe siècle.
La liberté d'expression est aujourd'hui considérée comme un gage de la bonne santé de la démocratie française. Est-ce à dire que la censure n'a plus cours ? N'existerait-elle pas sous de nouvelles formes ? Et si oui, quels en sont effets sur la société ? Selon les époques, les moyens d'expression et de diffusion des idées ont varié, et avec eux, forcément, l'attention des censeurs : si, du XVIe au XVIIIe siècle, le contrôle de la parole affecta particulièrement l'édition, ce contrôle s'est porté sur la presse et le théâtre au XIXe siècle. Puis ce fut au tour des médias audiovisuels d'être dans le viseur. Il est logique qu'aujourd'hui les autorités se soucient surtout des publications sur Internet... Laurent Martin décrit le fonctionnement des appareils de contrôle culturel en France, leurs logiques et leurs acteurs, analysant au passage les effets et contre-effets de ce contrôle sur la vie culturelle. Et si la censure produisait parfois l'inverse de l'effet escompté... ?
De l'histoire de l'Allemagne, nous avons surtout retenu ce qui nous concerne : 1870, deux guerres mondiales, les horreurs du nazisme, le Mur et sa chute, la puissance économique retrouvée depuis la réunification. Nous savons aussi l'apport littéraire et philosophique des Allemands.
Raconter l'Allemagne contemporaine, c'est évidemment revenir sur ces faits. C'est peut-être aussi, de 1806 à nos jours, suivre le fil de la lente construction d'une démocratie libérale. « Unité, droit et liberté » sont les trois premiers mots de l'hymne choisi par les Allemands en 1949. Ils disent le dessein ancien, proclamé dès 1813 et qui s'est réalisé pendant la seconde moitié du XXe siècle, de faire nation dans la liberté et le droit.
Pour donner à comprendre cette histoire complexe et souvent mal connue, Johann Chapoutot a composé un récit historique aussi riche que vivant, où se mêlent événements politiques, vie culturelle et paroles d'Allemands.
Octobre 1917 : dans le tumulte de la Grande Guerre, le coup d'État bolchevique apparaît comme un épisode parmi d'autres. Mars 1953 : la mort de Staline fait la Une des journaux du monde entier. Entre-temps, l'URSS est devenue la seconde puissance mondiale. Le modèle soviétique se pose en concurrent de la démocratie libérale. Il inquiète les uns et fascine des millions d'autres, qui ne connaissent de l'URSS que les images embellies filtrant de ce lointain pays. De la révolution d'Octobre à la mort de Staline en passant par la NEP, le pacte germano-soviétique et la constitution d'un bloc soviétique, Nicolas Werth retrace les premières décennies de l'URSS et pose le problème de la continuité et des ruptures entre la théorie léniniste et la pratique stalinienne.
Quand on s'intéresse à l'histoire du Japon, on ne peut éviter de rencontrer de prime abord la conscience historique des Japonais. Cet imaginaire est des plus simples, se bornant à affirmer comme traits spécifiques de ce pays la continuité (un temps linéaire, sans vrai début ni fin), l'homogénéité (une sorte de totalité synchronique), et logeant dans cette association aussi bien l'État, la dynastie impériale, la population, le territoire.
De fait, l'originalité du Japon tient à ce que les changements s'y inscrivent, comme naturellement, dans un cadre immobile. Quelle est pourtant la dynamique interne de ce pays qui, depuis sa préhistoire et jusqu'à la rénovation de Meiji, a su garder son unité ?
Malgré des siècles de dominations successives de toute nature, qui sont allées jusqu'au génocide, entrecoupées de tentatives parfois réussies d'indépendance, l'Arménie, n'abandonnant jamais la lutte pour le maintien de son identité, n'a cessé en ce sens d'être une Arménie arménienne.
Claire Mouradian évoque dans ces pages l'histoire de ce peuple maudit, courageux et finalement irréductible, de cette terre en perpétuelle reconquête, carrefour convoité entre l'Europe et l'Asie, enjeu passé et présent aux confins de trois empires (perse, russe, turc), rendant hommage à la grandeur d'une civilisation.
Son nom même est le reflet des vicissitudes de la vie politique française : d'abord « île Bourbon », elle devient « île de La Réunion » en 1793, avant de devenir pour un temps « île Bonaparte ». Elle ne retrouvera qu'en 1848 le nom qui lui est resté. La vanille qui y est produite s'appelle encore « vanille bourbon » : c'est dire à quel point la France a exercé son influence sur cette terre ultramarine, éloignée de près de 10 000 kilomètres de la métropole. Connue depuis longtemps des navigateurs arabes et européens, La Réunion est le théâtre de rivalités commerciales : la Compagnie des Indes y instaure la culture du café, tandis que les Français y développent la culture de la vanille et surtout de la canne à sucre, aujourd'hui encore un pilier de l'économie agricole. Autant d'activités qui nécessitent une main-d'oeuvre importante : la création d'un système esclavagiste élaboré façonnera l'identité d'une population aux nombreux métissages. Yvan Combeau retrace l'histoire tumultueuse d'une île au carrefour des civilisations africaines et européennes, mais également chinoises et indiennes.
Du site néolithique aux vingt arrondissements actuels, des fondations de Lutèce à la nouvelle BnF en passant par la construction de Notre-Dame, l'histoire de Paris a toujours été un peu plus que celle de la capitale de la France. Comme le démontre Yvan Combeau dans cet ouvrage, Paris pèse en effet d'un poids particulier, politique, économique et culturel, dans l'édification et l'activité du pays. Au coeur d'une agglomération de plus de dix millions d'habitants, elle connaît un très large rayonnement international.
Les Aztèques ou Mexicains dominaient avec éclat la plus grande partie du Mexique quand les conquérants espagnols y pénétrèrent en 1519. Leur langue et leur religion s'étaient imposées de l'Atlantique au Pacifique, au cours du XIII siècle, au détriment des anciennes populations mexicaines. Avec la défaite des Aztèques disparaissait la dernière civilisation autochtone du Mexique.
Lorsque les Espagnols arrivèrent au Pérou en 1532, l'Empire des Incas s'étendait depuis le Cuzco jusqu'à la Colombie au nord, jusqu'au Chili et l'Argentine au sud.
Henri Favre retrace l'histoire de l'expansion de cette tribu qui est parvenue à dominer l'ensemble des Andes en moins d'un siècle. À la lumière des fouilles archéologiques les plus récentes et des sources documentaires nouvelles, il décrit la civilisation inca si éloignée de la civilisation européenne et révèle ainsi sa puissante originalité.
Qui sont les coptes d'Egypte, les maronites du Liban, les assyro-chaldéens, les syriaques et les melkites ? Des " chrétiens d'Orient " ? L'expression, pour le moins floue, masque une grande diversité de peuples, de cultures, de traditions... Vivant dans des sociétés à majorité musulmane, mais entretenant depuis longtemps des contacts avec l'Occident, ils sont au centre de l'actualité et des préoccupations depuis qu'ils sont pris pour cible par les combattants islamistes.
Dans ce tour d'horizon de l'Antiquité à nos jours, Bernard Heyberger s'attaque aux idées reçues qui ont trop tendance à les placer dans une position réductrice de passivité. De fait, les chrétiens d'Orient ont, depuis les débuts du christianisme et à leur manière, contribué à façonner le visage du Proche-Orient, dont ils restent des acteurs vivants.
Du départ à Londres des pêcheurs de l'île de Sein jusqu'à la libération du territoire, la complexe histoire de la Résistance reste, aujourd'hui encore, une page essentielle à notre conscience nationale. Dans l'ombre de la collaboration officielle au régime nazi, elle recèle des actes d'héroïsme admirables et les pires trahisons, mais aussi quantité d'aveuglements en tous genres. Elle a été l'objet de mille détournements comme des occultations les plus scandaleuses.
Qui étaient les résistants ? À quels mobiles obéissaient-ils ? Comment ontils su, ou non, concilier leurs profondes divergences ? De Londres à Alger, des maquis aux réseaux secrets, que s'est-il réellement passé ?
Le génocide perpétré au Rwanda d'avril à juillet 1994 a été exceptionnel par son envergure, sa rapidité et son mode opératoire : plus d'un demi-million de Tutsi ont été exterminés en cent jours. Les victimes sont généralement tombées sous les coups d'un très grand nombre d'assassins ayant eu recours à des armes rudimentaires. Quels ont été les ressorts d'une telle tragédie ? Quelles en ont été les causes, lointaines ou plus immédiates ? Comment s'est-elle déroulée ? Quelles séquelles a-t-elle laissées ? Ce génocide n'appartient pas qu'à l'histoire : il reste un enjeu politique contemporain, tant au Rwanda qu'ailleurs dans la région et de par le monde, notamment en France. Les débats restent intenses ; les oppositions, souvent violentes. Filip Reyntjens, en s'appuyant sur des faits communément admis, offre des clés de lecture pour une interprétation plus sobre de ce qu'on a appelé le « dernier génocide du XXe siècle ».
Plusieurs âges d'or marquent l'histoire de l'Espagne : de l'époque romaine à la conquête musulmane, de la reconquête au Siècle d'Or, de l'expansion coloniale à, plus près de nous, après la movida, l'expansion économique des dernières années. Sans oublier les heures sombres, comme celles de la guerre civile et du franquisme, cet ouvrage, plus de vingt fois réédité, offre une remarquable synthèse de l'histoire d'une terre dont Pablo Neruda disait qu'elle était « au coeur » de tous les hommes de bonne volonté.
Il paraît que tous les chemins mènent à Rome. Une fois sur place pourtant, difficile de ne pas se perdre dans ce mille-feuilles architectural où l'Antiquité voisine avec la Renaissance, les coins de rue médiévale avec les églises baroques.
Pour éviter de s'évanouir devant un trop-plein d'oeuvres d'art - sous l'effet du syndrome de Stendhal -, suivez un cicérone hors de pair en la personne de Bruno Racine, le plus Romain des Français. Il vous guidera entre les sept collines (qui sont aujourd'hui neuf), le long du Tibre, du Forum au Trastevere et de la Piazza Navone à la Piazza del Popolo en passant par la Via del Corso et la Via Vittorio Veneto. Vous apprendrez pourquoi Rome n'est plus une ville blanche, et pourquoi il ne faut pas dire « Lazio de Rome » pour p arler d'une des deux équipes de calcio (football) de la Ville éternelle.
Une quête de sens qui est aussi un éveil des sens : avez-vous déjà goûté un abbacchio, suivi d'un gelato - con panna o senza panna (« avec ou sans crème fouettée ») ? Quoi qu'il en soit, vous ne refuserez pas un verre de grattachecca avec le fantôme du Bernin ou de Poussin, de Chateaubriand ou de Freud...
Si, en France, le XIXe fut le siècle des questionnements, notamment sur le rôle de la religion dans les sociétés modernes, le XXe aura été celui de l'organisation de la vie scientifique et de la politisation massive des débats intellectuels, notamment au travers des religions séculières que furent le communisme et le fascisme. Mais, en dépit des changements, des oppositions philosophiques et morales intenses, un facteur de continuité joue un rôle central d'unification des moeurs et des sensibilités de la société et de la vie intellectuelle française : la littérature.
Celle-ci a en effet incarné une forme de synthèse de toutes les particularités idéologiques et morales propres à la société française. La France ? Le pays qui aime autant l'esprit que les lettres !