La demande philosophique est la version intégrale de la leçon inaugurale de la chaire de philosophie du langage et de la connaissance du Collège de France, prononcée par Jacques Bouveresse le 6 octobre 1995. Manifeste et programme de ce que serait une philosophie sans paillettes et porteuse de sens.
« Chaque livre de Giorgio Colli est, à y bien regarder, un succédané de l'action, et sous la forme de la littérature nous sentons l'exhortation à vivre di éremment, à vivre une vie digne d'un éternel retour », écrivait son ami Mazzino Montinari. Pour tous ceux qui aujourd'hui veulent s'initier à la philosophie, ce petit livre « sans notes » est une incitation à en vivre di éremment les prémisses.
La naissance de la philosophie , associée au nom de Platon, marque, pour Giorgio Colli, l'amorce du déclin de l'excellence grecque, dont avait pu témoigner, entre le septième et le cinquième siècle, l'ère des « Sages ». C'est de cette matrice originelle dont il est question dans ce livre écrit en 1975, et qui bouleverse notre vision d'un monde en perpétuel progrès.
La nuit de Getshémani, Pierre s'endormit et ne put prévenir le Christ de l'arrivée des soldats. Depuis, nous dit Pascal, « Jésus est à l'agonie jusqu'à la fin des temps et il ne nous faut pas dormir pendant tout ce temps-là ». Cette folle injonction est le point de départ de l'essai de Chestov, qui veut toutefois la prendre au pied de la lettre et nous enjoint à notre tour de rester éveillés pour qu'une nouvelle nuit de Getshémani, pour l'homme, ne se reproduise pas ; pour que l'homme ne se voit pas condamné à l'agonie jusqu'à la fin des temps, parce qu'il n'aura pas veillé sur sa liberté première que lui octroie la connaissance.
Texte d'une puissance inouïe, la Nuit de Getshémani est aussi un essai sur la philosophie de Pascal, délivré des oripeaux dont l'ignorance et quelquefois l'enseignement scolaire l'auront affublé.
Paru pour le première fois en 1991, et traduit dans plusieurs langues, ce livre de Jacques Bouveresse examine dans le détail les lectures wittgensteiniennes de la théorie de Freud.«En rassemblant la plupart des remarques de Wittgenstein sur Freud, de nombreux passages caractéristiques de Freud lui-même et une bonne part de citations de la littérature secondaire sur le sujet, Bouveresse a rendu un fier service à ceux qui s'intéressent à l'oeuvre de Wittgenstein» (Ray Monk, Nature).
De l'Aurore (1987) fut (presque*) la première traduction en français d'un livre de María Zambrano.?Le livre parut en 1989, traduit par Marie Laffranque, hispaniste et philosophe, qui n'économisa ni son temps ni son énergie pour faire connaître l'oeuvre de son amie. Le volume passa presque inaperçu lors de sa première édition, mais permit à quelques lecteurs de découvrir une oeuvre d'une extraordinaire singularité dans le paysage philosophique contemporain. Depuis, de nombreuses traductions ont pu paraître, assurant à María Zambrano une renommée posthume à l'étranger, quand l'Espagne la célébrait de son vivant comme l'un(e) de ses plus important(e)s philosophes.
C'est aux «levers de l'Aurore» que nous convie ici María Zambrano, à cette «fête inaugurale» du jour qui, depuis les premières cosmogonies jusqu'à Nietzsche, en passant par les grands mystiques espagnols, nous rappelle chaque matin l'intact des commencements, dont on retrouve la trace dans les aurores du geste ou de la parole, et qu'il faut nous remémorer pour que la vie commence.
« Toute l'intelligence et la parole de María Zambrano tendent à saisir l'éclat de l'insaisissable don de soi de la Vie dans l'insaisissable singularité de ses êtres. » Massimo Cacciari.
« María Zambrano n'a pas vendu son âme à l'idée, elle a sauvegardé son essence unique en mettant l'expérience de l'insoluble au-dessus de la réflexion sur lui, elle a en somme dépassé la philosophie. N'est vrai à ses yeux que ce qui précède le formulé ou lui succède, que le verbe qui s'arrache aux entraves de l'expression ou, comme elle le dit magnifiquement, la palabra liberada del lenguaje. » E.?M.?Cioran «Lieu des craintes, des indices, des espérances, l'aurore est un confin, l'ouverture d'un sens, mais aussi cela qui fuit, dès que perçu. Elle donne le jour et disparaît. Ce livre propose un jeu d'images suggestives, où chacun peut retrouver ce qu'il ressent, expérimente, dès lors qu'il s'abandonne aux incitations de la vie et du monde.» M. Adam (Revue Philosophique).
« Un excellent recueil, un livre aigu, pénétrant, neuf, qui reprend les thèmes grecs de Nietzsche, en prolonge ou corrige le sens, revient avec une brutale franchise sur les 'acquis' de la pensée de Nietzsche, sans hésiter à les contester ... Il est rare que nous soyons ainsi gâtés par la fermeté du jugement et par la force du style. » E. Blondel ( Revue Philosophique ).
La parution du Monde des non-A de Van Vogt, en 1945, traduit en français par Boris Vian a éveillé l'intérêt d'un grand nombre de personnes pour la Sémantique générale.
Cette discipline se fonde sur un système non-aristotélicien formulé par Alfred Korzybski (1879-1950) selon lequel il est possible qu'une chose à la fois soit ET ne soit pas. Ainsi la porte était ouverte à une exploration du monde aux horizons insoupçonnés. En 1997, L'éclat faisaient paraître pour la première fois en français une anthologie d'écrits de Korzybski, permettant de ne plus évaluer le vaste 'territoire' de la Sémantique générale à l'aune des seules 'cartes', quelquefois approximatives, qu'en ont dressées des auteurs comme A.E.
Van Vogt, mais aussi Bateson, Bachelard, Laborit ou même ... Michel Houellebecq!
On connaît, par le volume de Gershom Scholem Walter Benjamin. Histoire d'une amitié, les liens qui unissaient les deux hommes. Ils ont échangé entre 1932 et 1940 une correspondance qui mérite pleinement le terme d'oeuvre, comme si dans cet échange au quotidien, dans cette absolue confiance et confidence l'un par rapport à l'autre, et autrement que dans une oeuvre 'publique', ils s'étaient livrés à une analyse en profondeur d'un siècle bouleversé : vie littéraire et philosophique, montée du nazisme en Allemagne, errance de Benjamin, permanence de Scholem en Palestine dès 1923, où il oeuvre à une symbiose entre les populations juives et arabes... autant de sujets abordés au fil des lettres et qui confirment la pertinence d'analyse dans l'échange et la discussion parfois polémique des deux hommes.
Ce livre est un cas unique dans l'histoire de la philosophie. Michelstaedter (1887-1910) l'écrivit à 23 ans et se donna la mort le lendemain même de son achèvement.
« Moi, je sais que je parle parce que je parle, mais que je ne persuaderai personne ». C'est ainsi qu'il s'adresse à ses professeurs dans la préface de ce « travail universitaire », sur les concepts de persuasion et de rhétorique chez Platon et Aristote. Persuasion impossible parce que la vérité est dépendante. Rhétorique qui occulte cette impossibilité d'atteindre la persuasion. Entre Platon et Aristote, la philosophie ne lui o rait pas d'autre alternative que celle d'un revolver qui le fi geait dans un instant éternellement présent, celui d'une oeuvre que l'Italie consacre comme l'une de ses plus extraordinaires réalisations.
" Le problème de la peine de mort ne peut être résolu que d'une manière inconditionnelle, inconditionnelle comme le caractère sacré et intangible de toute vie humaine, inconditionnelle comme ce principe suprême de toute humanité." Dans cet extrait de son grand oeuvre inachevé Théorie de la folie des masses (paru aux éditions de l'éclat en 2008), Broch considère la question de la peine de mort comme le baromètre du fonctionnement d'une société humaine : sa pratique est toujours le germe d'une possibilité de basculement vers la folie collective. Le texte s'intéresse aussi au statut de la peine de mort dans l'histoire du peuple juif et sa particularité qui en fit la cible privilégiée d'un régime sous l'emprise de la justice magique.
Longtemps considéré comme un « brouillon » de « L'Ethique », le « Traité », véritable méthode, d'ailleurs sous-titrée « Traité de la meilleure voie qui mène à la vraie connaissance des choses », délivre un message philosophique original : l'Homme peut être sauvé. Par quelque intervention divine, par quelque grâce de la Providence? Nullement. Par ses propres moyens, par ses propres forces. Telle est, sans doute, la thèse la plus « hérétique » de la philosophie de Spinoza, aujourd'hui encore inacceptable.
En revenant près de 20 ans plus tard sur l'oeuvre de Deleuze, au moment où son livre de 1993 connaît plusieurs traductions à l'étranger, Jean-Clet Martin s'interroge sur l'impact d'une oeuvre sur notre quotidien et sur les commentaires à l'infini qui finissent par la figer dans une attitude très éloignée de la pensée vivante qu'a pu être la pensée de Deleuze. Parcourir alors (comme on traverse le Musée du Louvre au pas de course), la suite des concepts énoncés par Deleuze, depuis Différence et répétition jusqu'aux écrits sur le cinéma, c'est placer l'oeuvre de Deleuze au coeur de notre expérience quotidienne et s'en imprégner pour penser et créer encore. N'était-ce pas le but ?
Cet ouvrage regroupe pour la première fois ce qui a été retrouvé de la correspondance échangée de 1916 à 1937 entre Paul Engelmann (de même que quelques proches) et Ludwig Wittgenstein. Ces lettres permettent de mieux comprendre la participation de Wittgenstein à la Première Guerre mondiale, de suivre la genèse du Tractatus logico-philosophicus et de saisir les transformations de la pensée de Wittgenstein au cours de ces années difficiles, qui ont vu l'effondrement de l'Empire austro-hongrois.
L'ouvrage contient aussi une version considérablement augmentée du «Mémoire» qu'Engelmann a consacré à Wittgenstein et qui a été publié en anglais en 1967. S'y ajoutent des textes d'Ilse Somavilla, Josef Schächter et Brian McGuinness, tous trois spécialistes de l'oeuvre de Wittgenstein. Il s'agit d'une édition critique, pourvue d'un très copieux apparat de notes et de commentaires.
L'article sur l'encyclopédie tiré de l'«Encyclopédie»de Diderot et d'Alembert constitue un manifeste pour un savoir libéré des dogmes et des obscurantismes, y compris scientifiques. Il explore la voie d'un savoir ouvert à tous, d'une recherche collective de la vérité, synonyme de liberté.
Günther Anders, Hannah Arendt, Hans Jonas, Emmanuel Levinas, Karl Löwith, Herbert Marcuse, Leo Strauss, Eric Weil...
Non sans quelque paradoxe, la philosophie sociale, politique, métaphysique de l'après-guerre a été largement représentée par des penseurs allemands ou formés en Allemagne, qui avaient la particularité d'avoir été des étudiants de Martin Heidegger et d'être en même temps d'origine juive.
Ce volume, issu d'un colloque international tenu à Paris en 2012, a voulu les penser ensemble pour la première fois et étudier sur quel fond historique et intellectuel cette double spécificité a été possible.
Quelle dette chacun d'entre eux a-t-il pu contracter à l'égard de ce maître commun et quelle distance ont-ils pu prendre (ou ne pas prendre) par rapport à lui après la Seconde Guerre mondiale ?
Un double questionnement qui permettra d'écrire une nouvelle page de la philosophieallemande, qui pourrait bien être aussi une page de la philosophie juive au XXe siècle.
Qu'en est-il de la figure de Jésus dans l'oeuvre de L'"Antéchrist" Friedrich Nietzsche ? Massimo Cacciari renverse les perspectives des lectures du rapport de Nietzsche au christianisme, et ouvre une voie nouvelle pour mieux comprendre la notion d'Übermensch, si abusivement interprétée, à la lumière d'un Jésus, "esprit libre" entre tous, débarrassé des masques rhétoriques de l'Eglise qui en porte le nom.
C'est autour de la revue de Martin Buber Der Jude et également par l'entremise de Walter Benjamin, que les premiers contacts entre Scholem et Strauss s'établissent, et l'amitié qui liera les deux hommes, le premier à Jérusalem dès 1923, le second à Londres à partir de 1934, puis Chicago à partir de 1938, restera sans tâche jusqu'à la mort de Strauss en 1973. Cette correspondance témoigne alors de ce dialogue ininterrompu de deux personnalités "hors normes" de la pensée du vingtième siècle, et donne la mesure de ce qu'a pu être, en d'autres temps, une amitié "stellaire".
De Gottlob Frege aux premières recherches en Intelligence Artificielle, la philosophie du langage au vingtième siècle, frayant sa voie entre la linguistique et la logique, s'est toujours essayé à une domestication de la langue naturelle avec plus ou moins de bonheur, et a voulu quelquefois lui substituer un langage symbolique qui la libérerait de ses " pièges " et de ses " tromperies ".
Comment philosopher sur le langage avec le seul langage ? Comment déterminer la signification d'un énoncé, avant même de déterminer la signification du mot " signification " ? Autant d'interrogations qui sont au coeur de cette discipline philosophique complexe, qui a connu un essor remarquable au cours de ce siècle, et dont ce livre retrace les étapes essentielles, constituées par les oeuvres de Frege, Carnap, Wittgenstein, Austin et plus récemment J.
Searle, H. Putnam ou D. Davidson.