Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage. On a le sentiment de ne pas « être à sa place ». Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ?C. M.Cet ouvrage interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Et si, comme nous le suggère Claire Marin, le propre d'une place était de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer ?La philosophe circonscrit brillamment un concept multiple et éternel. Télérama.Un essai remarquable, un voyage intime, philosophique et littéraire. Libération.Une réflexion pénétrante. Le Monde.
Joyeuses ou tragiques, visibles ou cachées, les ruptures rythment notre existence. Comment les conjuguer avec l'idée de notre identité, une et constante ? Nous révèlent-elles les multiples facettes de notre être ou le fait que nous nous affirmions progressivement, au fur et à mesure de ces « accidents » ? Nous épurent-elles ou nous démolissent-elles ? Pour la philosophe Claire Marin, nous nous définissons autant par nos sorties de route que par nos lignes droites. Certes, naissances ou deuils, séparation ou nouvel amour fragilisent nos représentations, ébranlent nos certitudes. Mais ils soulignent aussi la place de l'imprévisible, et questionnent notre capacité à supporter l'incertitude, à composer avec la catastrophe et, en les surmontant, à parfois démarrer une nouvelle vie.Ce livre agit comme un baume pour nombre de lecteurs, aiguillonnés, enthousiasmés, compris. Télérama.Claire Marin nous bouleverse, car ce thème fait écho à notre expérience directe. Elle
Jean-Jacques Rousseau Du contrat social Pour nous aussi, la doctrine de Rousseau ne saurait être un simple objet de curiosité érudite ou d'intérêt purement philologico-historique. Elle apparaît au contraire, pour peu qu'on ne se contentât point d'en considérer les résultats et qu'on se plongeât dans ses tout premiers présupposés, comme une problématique vivante et très contemporaine. Les questions soulevées par Rousseau, qui les brandit face à son siècle, ne sont en rien obsolètes aujourd'hui, pour nous non plus elles ne sauraient être purement et simplement « réglées ».
Ernst Cassirer Aux fondements de la pensée moderne, sur laquelle il aura exercé une inßuence décisive, le Contrat social reste l'un des ouvrages les plus importants de Rousseau. Publié en 1762, il dessine les grandes lignes d'un modèle de structuration sociale capable de combiner harmonieusement les valeurs propres à l'« état de nature » avec celles imposées par la vie collective. De là l'idée de « contrat » entre les individus qui, parce qu'ils ne sont soumis qu'à des conventions auxquelles ils ont librement souscrit, « n'obéissent à personne, mais seulement à leur propre volonté ».
Commentaires et notes par Gérard Mairet.
Mieux vaut enseigner les vertus, disait Spinoza, que condamner les vices. Il ne s'agit pas de donner des leçons de morale, mais d'aider chacun à devenir son propre maître, comme il convient, et son unique juge. Dans quel but ? Pour être plus humain, plus fort, plus doux, plus libre. Les vertus sont nos valeurs morales, mais incarnées : toujours singulières, comme chacun d'entre nous, toujours plurielles, comme les faiblesses qu'elles combattent ou redressent. Il n'y a pas de Bien en soi. Le bien n'existe pas ; il est à faire, et c'est ce qu'on appelle les vertus. Ce sont elles que je me suis données ici pour objet : de la politesse à l'amour, dix-huit chapitres sur ces vertus qui nous manquent (mais point totalement : comment pourrions-nous autrement les penser ?), et qui nous éclairent. A. C.-S.Un beau livre d'éthique pour notre temps. Jean Blain, L'Express.
La plus dure et la pire des contraintes qu'exerce la société réside dans cette puissance quelle acquiert non seulement sur nos actions extérieures, mais aussi sur tous nos mouvements intérieurs, sur nos pensées et nos jugements. Ce pouvoir entame toute forme d'autonomie, de liberté et d'originalité de jugement; ce n'est plus nous qui pensons et jugeons, mais la société qui pense en nous et pour nous. Nous sommes alors dispensés de toute recherche de la vérité, elle nous est glissée dans la main comme une pièce de monnaie déjà gravée. Rousseau décrit cette situation intellectuelle dans son premier écrit philosophique : le Discours sur l'inégalité.Ernst Cassirer. Publiés respectivement en 1750 et 1754, les deux Discours répondent à des questions posées par l'académie de Dijon. Le premier - le Discours sur les sciences et les arts - eut un retentissement considérable et valut une immédiate notoriété à Rousseau. Le second, quant à lui - le Discours sur l'inégalité -, s'est imposé comme l'un des grands traités de la philosophie politique moderne, suscitant d'innombrables commentaires. Dans des pages désormais classiques, Rousseau jette en philosophe les bases de sa doctrine, notamment l'idée fameuse, que tous les maux et inégalités entre les hommes relèvent d'une seule et même cause : la vie en société.
Collection dirigée par Michel Zink et Michel Jarrety Montaigne Essais - Livre premier A l'âge de trente-sept ans, Montaigne se retire parmi ses livres. S'il veut désormais vivre en leur compagnie, et d'une certaine façon commenter leurs leçons, c'est moins pour les redire que pour se considérer lui-même à travers eux. Voici donc un portrait de Montaigne : portrait déconcertant puisque son auteur, qui pourtant publie ce livre, semble vouloir détourner le lecteur de s'attarder «en un sujet si frivole et si vain». Un maître de sagesse ? Même si des générations de moralistes ont vanté la sagesse de Montaigne, pour lui, il se garde de cette posture. Il lui suffit d'essayer d'être lui-même, mais il sait ? et nous apprend ? combien c'est là chose difficile. Qu'il entretienne ses lecteurs de la peur, du pédantisme, de l'éducation ou de l'amitié, c'est lui-même qu'il veut leur donner à entendre, sans complaisance mais aussi sans feinte humilité. Ce premier Livre, c'est un peu le livre des efforts de Montaigne pour parvenir à façonner sa voix.
L'édition proposée ici reproduit celle de 1595. C'est dans cette édition en effet - ou l'une de ses descendantes - que pendant les deux siècles qui suivirent la mort de l'auteur les Essais ont été lus ; nous en avons modernisé l'orthographe tout en en respectant la ponctuation, la disposition, et en la faisant précéder de la préface de sa première éditrice, Marie de Gournay. Cette petite révolution renouvellera sans doute, pour bien des lecteurs, la lecture des Essais.
Collection dirigée par Michel Zink et Michel Jarrety Montaigne Essais - Livre second Publié en même temps que le Livre I, en 1580, ce deuxième Livre en poursuit le dessein. Mais il comporte aussi un curieux chapitre, de loin le plus long des Essais puisqu'il occupe à peu près la moitié de ce Livre : l'«Apologie de Raimond de Sebonde». Montaigne, qui a traduit intégralement la Théologie naturelle du théologien catalan, s'y essaie à une attitude philosophique difficile et exigeante, celle du scepticisme, sans pourtant l'affirmer. Est-ce parce qu'il n'y adhère que par provision ? Est-ce parce que l'affirmation du scepticisme reviendrait à le dénaturer, le scepticisme contestant toute affirmation, fût-ce de lui-même ? A qui cherche des certitudes, Montaigne n'offre que cette incertitude, si inconfortable mais si séduisante : par là il inaugure profondément la modernité.
L'édition proposée ici reproduit celle de 1595. C'est dans cette édition en effet - ou l'une de ses descendantes - que pendant les deux siècles qui suivirent la mort de l'auteur les Essais ont été lus ; nous en avons modernisé l'orthographe tout en en respectant la ponctuation, la disposition, et en la faisant précéder de la préface de sa première éditrice, Marie de Gournay. Cette petite révolution renouvellera sans doute, pour bien des lecteurs, la lecture des Essais.
Qu'entendons-nous par « bonheur » ? Dépend-il de nos gènes, de la chance, de notre sensibilité ? Est-ce un état durable ou une suite de plaisirs fugaces ? N'est-il que subjectif ? Faut-il le rechercher ? Peut-on le cultiver ? Souffrance et bonheur peuvent-ils coexister ? Pour tenter de répondre à ces questions, Frédéric Lenoir propose un voyage philosophique, joyeux et plein de saveurs. Une promenade stimulante en compagnie des grands sages d'Orient et d'Occident, où l'on traversera le jardin des plaisirs avec Épicure, où l'on entendra raisonner le rire de Montaigne et de Tchouang-tseu, croisera le sourire paisible du Bouddha et d'Épictète, où l'on goûtera à la joie de Spinoza et d'Etty Hillesum. Un cheminement vivant, revigorant, ponctué d'exemples concrets et des dernières découvertes des neurosciences, pour nous aider à vivre mieux et apprendre à être heureux.
L'Ethique de Spinoza, parue en 1677, ouvre la philosophie moderne et accompagne tous ceux qui s'aventurent sur la voie du bien agir. Cette traduction, qui fut d'abord publiée aux PUF, est accompagnée d'un important appareil critique justifiant les choix terminologiques et commentant l'ordre des propositions, définitions et axiomes.
« Romains, si quelqu'un parmi vous ignore ce qu'est l'art de l'amour, qu'il lise mon poème pour s'y instruire et apprendre à aimer. ».
Brillant par son humour et sa modernité, L'Art d'aimer rencontra dès sa parution aux alentours de l'an 1 apr. J.-C. un succès immense en témoignent des extraits retrouvés gravés sur les murs de Pompéi. Ovide s'y fait le chantre de l'art subtil de la séduction et, avec une audace extraordinaire pour son époque, dispense aux jeunes gens de Rome une leçon d'amour dans les règles de l'art. Nourri d'exemple mythologiques, de conseils et de techniques pour faire naître puis entretenir la passion dans son couple, L'Art d'aimer vaudra à son auteur d'être banni de l'Empire, avant de devenir l'un des textes érotiques les plus célèbres au monde.
Édition présentée, établie et annotée par Sylvie Laigneau-Fontaine.
Hannah Arendt est l'une des grands penseurs politiques de notre temps. On trouvera dans ce livre quatre essais qui sont autant de méditations sur la politique et la condition de l'homme dans le monde contemporain.
Dans Du mensonge en politique, l'auteure tire la leçon des documents du Pentagone, révélés en 1971 par la presse. Elle examine l'accumulation de mensonges officiels, d'obstination dans l'erreur qui a conduit les États-Unis à l'échec au Vietnam et reconstitue les mécanismes psychologiques dont les responsables politiques ont été les inventeurs et les victimes.
La Désobéissance civile contient une réflexion originale sur la question : au nom de quoi et jusqu'à quel point peut-on désobéir à l'autorité établie ? De Socrate à Martin Luther King, en passant par Thoreau, Gandhi et les objecteurs de conscience, de multiples exemples illustrent la nécessité et l'efficacité de ce qui peut être plus qu'une contestation : un témoignage et une action politique.
Sur la violence constitue le troisième essai. Ses doctrinaires, de Sorel à Fanon et à leurs épigones contemporains, sont analysés notamment au travers des mouvements étudiants.
Politique et Révolution contient des réflexions sur les systèmes politiques en Amérique et en Europe. Quel système peut assurer la plénitude de l'homme et du citoyen ?
On trouvera dans ce livre des histoires de canots de sauvetage qui risquent de couler si on ne sacrifie pas un passager, de tramways fous qu'il faut arrêter par n'importe quel moyen, y compris en jetant un gros homme sur la voie. On y lira des récits d'expériences montrant qu'il faut peu de chose pour se comporter comme un monstre, et encore moins pour se comporter comme un saint : une pièce de monnaie qu'on trouve dans la rue, une bonne odeur de croissants chauds qu'on respire en passant ... Le but de ce livre est de proposer une « boîte à outils » intellectuels pour affronter le débat moral sans se laisser intimider par les grands mots et les déclarations de principe. C'est une invitation à faire de la philosophie morale autrement, à penser l'éthique librement. Ce livre a obtenu le prix Procope des Lumières 2012.
Un soupçon s'est insidieusement levé, un matin, que la vie pourrait être tout autre que la vie qu'on vit. Que cette vie qu'on vit n'est plus peut-être qu'une apparence ou un semblant de vie. Que nous sommes peut-être en train de passer, sans même nous en apercevoir, à côté de la « vraie vie ». Car nos vies se résignent par rétractation des possibles. Elles s'enlisent sous l'entassement des jours. Elles s'aliènent sous l'emprise du marché et de la technicisation forcée. Elles se réifient, enfin, ou deviennent « chose », sous tant de recouvrements. Or, qu'est-ce que la « vraie vie » ?
F. J.
La partie technique de la morale kantienne est dans l'interprétation que Kant a donnée de ce caractère sacré du devoir qui s'oppose dans la conscience humaine, comme une sorte d'absolu, à tous les conseils de l'habileté et de la prudence, comme une chose immuable dans tous les changements de circonstances et d'intérêts. Rousseau l'explique par un « instinct divin » ; mais, pour Kant, universalité signifie rationalité ; si le devoir commande universellement, c'est qu'il est, en son fond, rationnel : dans ce passage est le point délicat de la Métaphysique des moeurs [...].
Emile Bréhier.
Publiés en 1785, les Fondements de la métaphysique des moeurs jettent les bases des philosophies de la liberté qui se développèrent au xixe siècle. Kant y affirme, notamment, la nécessité d'une philosophie morale pure, débarrassée de toutes les scories portées par l'empirisme, et entreprend de rechercher et de déterminer le principe suprême de la morale. Ce seront alors les célèbres « impératifs catégoriques » : « Agis selon une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle » ; « Agis de telle sorte que tu uses de l'humanité, en ta personne et dans celle d'autrui, toujours comme fin, et jamais simplement comme moyen » ; « Agis de telle sorte que ta volonté puisse se considérer elle-même, dans ses maximes, comme législatrice universelle. » Introduction de Monique Castillo.
Traduction, notes et postface de Victor Delbos.
Emmanuel Lévinas Ethique et infini Emmanuel Lévinas se raconte, s'explique, passe au crible de l'analyse les principaux thèmes de sa philosophie. Dans une langue lumineuse, le voyage à l'intérieur de l'oeuvre de l'un des grands moralistes de ce temps.
André Comte-Sponville Présentations de la philosophie Philosopher, c'est penser par soi-même, chercher la liberté et le bonheur, dans la vérité. Mais nul n'y parvient sans l'aide de la pensée des autres, sans ces grands philosophes qui depuis l'Antiquité ont voulu éclairer les grandes questions de la vie humaine.
Pour nous aider dans nos premiers pas, André Comte-Sponville nous propose ici l'approche de douze thèmes éternels, tels que la politique et la morale, l'amour et la mort, la connaissance et la sagesse... Se référant aux grands courants philosophiques dans leur diversité, leurs convergences ou leurs contradictions, il nous invite à continuer ensuite l'exploration par nous-mêmes, en nous proposant un guide détaillé des oeuvres et des auteurs essentiels de la philosophie occidentale.
Donner l'envie à chacun d'aller y voir de plus près, l'aider à y trouver à la fois du plaisir et des lumières : telle est l'ambition de cet essai, oeuvre d'un spécialiste qui n'a pas oublié l'appel de Diderot : « Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire ! »
Oui, je vous écoute, oui... Et finalement, non ! Cette volte-face coupe en deux le dialogue. C'est une sorte de gifle, dont le chevalier thessalien. Ménon, frappe Socrate. Elle annule presque le dialogue amorcé. En Sicile, Platon amorça plusieurs fois un dialogue, vécu et non écrit, avec le tyran Denys, dans l'espoir de fonder une cité de paix, mais en terre vierge, loin d'Athènes. En vain, comme ici. Alors, Platon écrit, pour les lointains, pour nous, derrière sa Ville. Pour elle, c'est-à-dire finalement contre elle, d'abord, cette cité bavarde et prétentieuse, cette Athènes que Socrate, son maître, n'a pas quittée, quand il pouvait encore échapper à la mort : il boirait la ciguë lorsque le gréement du vaisseau mystique d'Apollon à Délos se découperait sur l'horizon. Socrate a dit oui à la mort. La mort ? - Finalement, non, redit Platon. Elle est la vie, ouvrant nos yeux sur les constellations que l'étrange Tirésias déchiffre avec bonheur, tranquillement assis aux Enfers - telle est la dernière image du Ménon. Le chevalier Ménon croit vivre, lui. Il vise l'excellence, mais à la façon du tyran. Socrate lui fait alors donner deux leçons : par un esclave, ô honte, une leçon de soumission au vrai, soumission qui est l'avenue royale de l'excellence ; en sens contraire, une leçon d'orgueil : un démocrate et un parvenu, Anytos, idolâtre, ô surprise, les grands hommes d'Athènes, oublieux qu'il est de la mémoire de soi, secret divin de l'excellence. C'est cet Anytos qui obtiendra la condamnation de Socrate. Le Ménon est un rude exercice de patience intérieure. On n'y parle point directement du Bien, de la Justice. C'est que la résistance d'Athènes à la philosophie incite Platon à lui désigner encore le soleil, mais comme à travers un vitrage dépoli.
L'histoire que je raconte ici est bien celle de tout le monde... Car qui ne s'est pas trouvé lassé, au fil des jours, du spectacle si merveilleux du ciel, ou du visage de l'Amante, et même d'abord d'être en vie ? Ce qui s'étale revient toujours, s'enlise en effet dans sa présence comme dans sa récurrence et n'émerge plus, n'apparaît plus. On ne pourra y accéder qu'en découvrant ce qui s'en est perdu - et comme enfoui - d'in-ouï.C'est donc seulement en débordant notre expérience, en ouvrant une brèche dans ses cadres constitués et normés, qu'on pourra l'aborder. Aussi rendre ce si lassant réel à ce qu'il contient en soi d'inintégrable et par conséquent de vertigineux, proprement inouï, est, en amont de toute morale, autour de quoi se jouent, basculent nos existences.L'inouï en devient ce concept premier, ce concept clé, ouvrant un minimum métaphysique où s'opère, ici et maintenant, un tel renversement. Car que peut-on attendre d'autre - espérer entendre d'autre - que l'inouï ?F.J.
Collection « Classiques de la philosophie » dirigée par Jean-François Balaudé Nietzsche Par-delà le bien et le mal Le problème de la valeur du vrai s'est présenté à nous, - ou bien est-ce nous qui nous sommes présentés à ce problème ? Qui de nous ici est Oedipe ? Qui la Sphinx ? C'est, comme il semble, un véritable rendez-vous de problèmes et de questions. - Et, le croirait-on ? Il me semble, en fin de compte, que le problème n'a jamais été posé jusqu'ici, que nous avons été les premiers à l'apercevoir, à l'envisager, à prendre le risque de le traiter. Car il y a des risques à courir, et peut-être n'en est-il pas de plus grands.
Friedrich Nietzsche.
C'est d'abord à une radicale remise en question de la vérité que procède Nietzsche dans Par-delà le bien et le mal (1886). Ce texte d'une écriture étincelante, férocement critique, met en effet au jour, comme un problème majeur jusque-là occulté, inaperçu, celui de la valeur. Il y destitue les positions philosophiques passées et présentes (autant de croyances), et stigmatise, en les analysant un à un, l'ensemble des préjugés moraux qui sous-tendent notre civilisation. L'entreprise, pourtant, n'est pas uniquement négative : elle débouche sur l'annonce, dans le prolongement d'Ainsi parlait Zarathoustra, de « nouveaux philosophes » - « philosophes d'un dangereux peut-être » qui devront désormais assumer l'inflexible hypothèse de la vie comme « volonté de puissance ».
Traduction de Henri Albert, revue par Marc Sautet.
Présentation et notes de Marc Sautet.
Index établi par Véronique Brière - Nouvelle édition.
Peut-on se passer de religion ? Dieu existe-t-il ? Les athées sont-ils condamnés à vivre sans spiritualité ?
Autant de questions décisives en plein « choc des civilisations » et « retour du religieux ». André Comte-Sponville y répond avec la clarté et l'allégresse d'un grand philosophe mais aussi d'un « honnête homme », loin des ressentiments et des haines cristallisés par certains. Pour lui, la spiritualité est trop fondamentale pour qu'on l'abandonne aux intégristes de tous bords. De même que la laïcité est trop précieuse pour être confisquée par les antireligieux les plus frénétiques. Aussi est-il urgent de retrouver une spiritualité sans Dieu, sans dogmes, sans Église, qui nous prémunisse autant du fanatisme que du nihilisme.
André Comte-Sponville pense que le xxie siècle sera spirituel et laïque ou ne sera pas. Il nous explique comment. Passionnant.
Après la fin des utopies, sur quel socle intellectuel et moral pouvons-nous bâtir notre vie commune ?
Pour Tzvetan Todorov, il n'y en a qu'un: le versant humaniste des Lumières.
Ce petit essai majeur ne se contente pas de dégager dans une synthèse limpide les grandes lignes de ce courant de pensée : il le confronte aux événements tragiques du xixe et du xxe siècle avant d'interroger sa pertinence face aux défis de notre temps.
Philosopher pour tous, sans préparation, sans précaution, et dans la langue commune : tel était le pari d'Alain, dans ses célèbres Propos.
Tel est celui d'André Comte-Sponville, dans les siens. La philosophie, pour lui, est le contraire d'une tour d'ivoire ; elle n'existe que dans le monde, que dans la société, et d'autant mieux qu'elle ne cesse de s'y confronter. Écrire dans les journaux, c'est penser dans la Cité, comme il convient, et pour elle. Ces 101 propos, le plus souvent inspirés par l'actualité, constituent la plus vivante des introductions à la philosophie, mais aussi davantage : un livre de sagesse et de citoyenneté.Une suite de courts textes toujours stimulants, à l'intérieur desquels le lecteur peut vagabonder « à sauts et à gambades » selon les mots de Montaigne, tout en en retirant quelque chose de neuf à penser.
H. de M., Le Monde des religions.
Grandir, vieillir, mais aussi l'indifférence qui se creuse entre les amants, ou encore les Révolutions se renversant en privilèges : autant de modifications qui se produsent devant nous, mais si continûment qu'on ne les perçoit pas. Or, si cette transformation nous échappe, c'est sans doute que l'outil de la philosophie grecque échoue à capter cet indéterminable de la transition. De là, l'intérêt à passer par la pensée chinoise : ces transformations silencieuses rendent compte de la fluidité de la vie et éclairent les maturations de l'Histoire tout autant que de la Nature. Une mise en regard de la pensée chinoise et de la pensée européenne, par un philosophe et sinologue français, directeur de l'Institut de la pensée contemporaine.