Avec "Réflexions", Jacques Guerrier, Nîmois de cinquante-six ans, nous livre le fruit de ses considérations sur de grands thèmes de la philosophie et de la psychologie qu'il étudie depuis de nombreuses années.
Au fil des pages, il nous invite à observer, vivre, être.
Une lecture riche et apaisante.
«?Loin d'être ma muse, elle fut mon souffle de réflexion philosophique. Je la nommerai tout au long de cet essai «ma petite beurette», et vous comprendrez pourquoi. C'est une fille issue d'une grande famille et d'une longue lignée. Lorsque nous nous sommes rencontrés la première fois, elle était à la recherche de son petit. frère, un petit ange blond, enfant philosophe qui voulait changer le monde. Le drame de son existence est de ne l'avoir jamais revu. Elle m'a dit qu'aux dernières nouvelles, il s'était perdu dans le désert comme nombreuses de nos utopies. » À travers ces quarante courts textes, F. Compin nous introduit avec simplicité et bienveillance à une sorte de philosophie sage et tranquille. Porté par la poésie des échanges entre ce professeur et son élève métissée, le lecteur se forge, à mesure que se détermine la relation entre les deux protagonistes, un véritable bagage philosophique constitué d'anecdotes, de paraboles et de situations de la vie de tous les jours. Ici l'écriture confond le réel avec l'imaginaire, l'expérience avec le désir, dans un vertige de mots d'une douceur infinie.
« Avant, pendant et après l'effort de la psyché pour fabriquer une pensée, se trouve l'émoi. Et nous avons officialisé que penser revient à exprimer, si ce n'est un sentiment, ce sera au moins un ressenti, propre à nous, certes, mais qu'on se doit d'universaliser. Car à n'être que la projection du monde sensible, toute morale y inscrira le plus élémentaire émoi. » Comment la pensée, la mémoire et la conscience se perçoivent-elles ? La psyché est-elle l'expression d'un sentiment, d'une action consciente réfléchie ou d'une action consciente spontanée ? Élie Gourion, dans cet essai philosophique, nous aide à mieux appréhender les mécanismes de ces phénomènes abstraits. Tantôt sceptique, tantôt critique, mais toujours doté d'un esprit didactique, il réalise une étude sur le fonctionnement de la pensée dans son processus de réalisation.
Quand on a espoir en la vie Quand on a des rêves que l'on s'est fixé le désir de réaliser impérativement avant de quitter ce monde Quand, malgré de sombres horizons, on veut croire que demain sera meilleur, que demain sera le jour où l'on sortira enfin du ténébreux tunnel que l'on traverse.... Quand on s'accroche à la vie Avoir faim peut être un privilège, car c'est le signe qu'on a encore ses sens Qu'on ressent encore des choses, qu'on est toujours en vie Avoir faim est une grâce, un cadeau du ciel, un privilège... Quand sifflent les balles et tonnent les obus, on peut gouter au privilège d'avoir faim.
Le visage de l'autre est saisi comme le centre même d'une réflexion sur "l'autralité" et sur l'éthique. Dans ce visage divin de "l'autralité", s'affiche une invitation a la responsabilité levinassienne. Ceci pour lui donner satisfaction au visage, l'Autre et Moi, en dépit de leur altérité, une relation du face à face comme fondement du langage s'impose à eux. De ce fait, les droits de l'homme et les droits d'autrui, ainsi que la conception levinassienne de l'éthique et d'autrui permettent à l'homme de retrouver sa dignité humaine. Ainsi, l'homme doit être à l'origine de toute préoccupation répondant à un souci universel car c'est à l'universel qu'il faut sourire afin de donner une dimension éthique à l'homme et de ces droits innés.
On observe une tendance inexorable de l'humanité vers l'abstraction. C'est le cas en politique, avec les concepts de nation, de citoyenneté qui sont des fictions. C'est le cas en philosophie avec la théorie des Idées qui auraient une « existence » propre, quasi-matérielle, en dehors de nos cerveaux. C'est aussi le cas dans le domaine des sciences hermétiques, avec le thème de la survie des âmes. En astronomie par ailleurs, les scientifiques ont relevé que l'univers qui, jusque-là, avait toujours semblé se déployer, pouvait désormais bien être sur le point d'entamer le mouvement inverse, celui d'un retour à l'unité primordiale. Alors, si le concret doit s'effacer au profit de l'abstrait, c'est certes la fin des frontières, des clans, des appartenances. C'est aussi la caducité des individualités et des combats personnels pour exister, pour s'imposer face à l'altérité, dès lors qu'il ne reste plus, en définitive, qu'une sorte de fusion avec l'absolu, en-dehors de toute contingence du quotidien. Être Homme, c'est donc d'abord cesser d'exister en tant qu'individu, avec ses velléités, ses inconstances, ses basses inclinations, pour toucher à une vérité dont le monde que nous connaissons ne serait qu'un reflet transitoire. Pierre Pimpie montre l'unité de vue des penseurs depuis toujours sur cet état de fait, afin de nourrir une réflexion du lecteur sur la vocation qu'il doit donner à sa vie, et le sens qu'il doit conférer aux mouvements du monde, qu'il s'agisse d'évènements artistiques, géopolitiques ou d'une autre nature. En intégrant Platon, Nietzsche ou la politique étrangère américaine des dernières années à une même problématique, une même dynamique, il s'agit de tout raccorder à un cheminement commun, s'orientant vers un avenir prémédité. L'auteur ne plaide donc pas pour une idée nouvelle, mais défend l'intuition d'un combat commun de l'humanité, subordonnant la vanité de nos ambitions isolées. Cet essai doit alors permettre de surmonter les oppositions apparentes, par exemple entre droite et gauche, nature et culture, romantisme et classicisme, pour entrevoir le moteur de l'évolution humaine et de son dépassement.
Philosophe de formation, Nathalie Gaul Kaïsu entreprend de penser au coeur de cet essai, une quête de l'être plutôt que du paraître sous la forme d'une préparation à l'intériorité et à la spiritualité. Dans un monde moderne où bien trop souvent le néant et l'absurde font force de loi, l'auteur s'oppose au découragement et invite à la résistance du coeur et de l'esprit, pour qui l'âme humaine a encore un sens. Qu'en est-il de nos jours du sens que nous donnons à l'existence ? Qu'en est-il aujourd'hui de ce que nous avons en nous en qualité d'êtres humains, de plus fondamental et de plus essentiel ? Où en sommes-nous de nos valeurs ? Le bonheur et la liberté sont-ils aussi inaccessibles que nous le voudrions ? Qu'il s'agisse de penser l'être, la liberté, dieu, la foi, les droits de l'homme, ou la responsabilité et le courage d'être soi, la quête du diamant est infinie...
Dans son essai sur le suicide, Hume soutient avec beaucoup d´habileté que le suicide est une action licite dans certaines circonstances. Que cette conclusion de mourir librement s`oppose à l´enseignement de la religion, et plus particulièrement à celui du Christianisme, Hume en a conscience ; mais précisément il revendique cette liberté naturelle, liberté inaliénable et indispensable en des temps où règnent le dogmatisme et la superstition.
Cet essai sur la réciprocité dans l'amitié a pour fil d'Ariane la Règle d'Or. En effet, dans cette société où les relations humaines sont biaisées par le principe du donner et du recevoir, un recours à la méditation et à l'application quotidienne de la Règle d'Or est un impératif, et ce pour parvenir à une éthique de la réciprocité fondée sur l'amitié en tant que le premier dépli du souhait de vivre bien. Invitant à ne pas regarder uniquement son bien-être et à penser au mouvement réflexif de sa propre action, la Règle d'Or dépasse le simple échange du donner/recevoir mais vise plus à donner sans recevoir. La pratique généreuse du don, du moins sous sa forme pure, ne requiert, ni n'attend de don en retour. Dans le don, l'on se donne soi-même : c'est soi-même que l'on donne dans la chose donnée. Avec la Règle d'Or prévaut alors la logique de surabondance.
Quand le temps vient-il à l'idée ? Le plus souvent, il se perd dans la banalité et l'insignifiance du quotidien.
Le temps accompagne la vie, la situe, la mesure, la singularise, la transcende. Il est la texture de notre souci d'être. Certaines situations le dévoilent dans ses postures contrastées, inattendues, incontournables. Elles le confrontent à l'existence et lui confèrent un vécu et une histoire individuels. Elles exacerbent le sentiment de finitude et attisent une quête d'infinitude. Penser le temps offre l'occasion d'un retour à soi qui est aussi retour à l'autre.
Ce texte propose une exploration de la temporalité dans ses relations avec la subjectivité et l'altérité. Il décompose le temps en catégories sociales, en promeut le travail éthique, prescrit ses vertus palliatives. Il participe aussi à une esquive de la temporalité qu'une intemporalité productive allège, dévoilant au passage les outils de résilience à la finitude. Quand le temps vient à l'idée est imprégné d'une intention philosophique et distille, tout au long de la lecture, la pensée de philosophes qui alimentent la réflexion, apportent une argumentation, proposent un cheminement.
Penser la grande politique en tant que nécessité pour l'Afrique, c'est repenser non seulement la politique, mais surtout le vivre-ensemble, car le désir et l'obligation d'être homme sont désir et obligation de l'être avec l'autre, avec les autres. Il n'y a de politique que là où il y a le vouloir vivre-ensemble. Et ce désir de vivre-ensemble est rationalisé par l'État en tant que lieu du déploiement de l'humanité de l'homme. En proposant avec Nietzsche la grande politique pour Afrique, l'intention est d'inviter les Africains à renoncer à cette politique mesquine où les États s'enferment dans leur particularisme, se perdent dans les piliers de l'identité nationale, dans les crispations identitaires et dans la folie nationaliste au profit de la quête d'une identité propre, c'est-à-dire une prise de conscience des Africains de leur africanité et aussi d'une prise de conscience de la perspective d'avenir de l'Afrique qui s'impose à tous.
Cet essai prend le contrepied d'une idée reçue : le présupposé d'une « identité africaine » affectée au texte littéraire, dont la désignation définitoire est censée renvoyer à l'Afrique et aux Africains. On parle ainsi de l'« africanité » du texte et de son auteur comme un lieu d'identification, traduisant une façon « africaine » de revendiquer sa présence au monde. En brisant ce sens commun épistémique, cette étude vient contextualiser l'intérêt identitaire, relativement aux expériences stratégiques auxquelles sont astreints les agents du champ littéraire. La littérature africaine est-elle africaine ? Ou encore, qu'attend-on d'un texte africain ? Ainsi grossièrement résumées, ces problématiques, pour le moins subversives, traversent la réflexion menée par David K. N'Goran dans cette étude qui ne dissimule en rien ses intentions iconoclastes. Avec des termes clés tels qu'identité, champ littéraire, stratégie d'auteur, motifs récurrents, cet essai met ainsi à jour - et appelle à dépasser ? -, au fil d'une analyse pointue, les fondements et pré-requis de tout un pan de la littérature.
Pour que l'on ne puisse plus dire, comme Schopenhauer, que la devise générale de l'histoire est Eadem, sed aliter, il faut nous demander à quelles conditions un adulte redevient un enfant dès lors qu'il est saisi par l'illusion politique, à quelles conditions un homme civilisé se met à hurler avec les loups, un savant oublie la science, un intellectuel l'esprit critique, un peuple son histoire, un État sa moralité pour sombrer dans la guerre, la destruction et l'intolérance. À quelles conditions un individu devient-il un homme des foules ? Que se passe-t-il dans l'individu pour qu'il veuille ainsi remplacer son propre idéal par autre chose que lui-même ? Pour qu'il place dans un objet extérieur ce qui est du ressort de sa propre histoire ? Pour qu'il s'oublie au point d'assigner à un autre le soin de conduire sa propre vie, et qu'il s'y soumette au point de s'en rendre esclave ? Pour qu'il rencontre, parmi ses semblables, ce même phénomène, au point qu'ils se reconnaissent frères au seul nom du chef ? Il faut comprendre que l'éducation et l'instruction bien comprises sont un fondement essentiel de la liberté, qu'elles ont été inventées pour émanciper le jugement, afin que les hommes puissent un jour se passer de maître ; pour former l'homme autant que le citoyen, afin que la liberté soit conçue comme une condition essentielle du bonheur.
« Nous sommes seuls créateurs de notre propre expérience, et ne sommes jamais seuls dans notre expérience si nous sommes conscients. » « On ne sait pas trop qui est Francis. Ni ce qu'il fait au juste dans la vie. Dès les premières pages, on saisit l'essentiel : c'est un homme cultivé, un esthète à l'oeil aussi acéré que bienveillant. On prend tout de suite plaisir à se glisser dans son sillage à la découverte de lieux familiers ou inconnus, à la rencontre de personnages hauts en couleurs qui valent tous leur pesant d'existence. Une histoire d'amour, un soupçon d'aventure, un zeste d'action, et une pincée de réflexions iconoclastes pour prendre la bien-pensance à contrepied. Une quinzaine de jours en compagnie de Francis, c'est une tranche de vie jamais ennuyeuse ni complaisante, simplement délicieuse, qui se dévore comme une madeleine. C'est beau comme du Proust qui se serait couché tard pour profiter pleinement du jour présent. Et l'on se surprend régulièrement à relire deux ou trois fois le même passage à voix haute, comme pour mieux se délecter d'un frisson de tendresse ou d'un éclat de rire. Jubilatoire. » (Charles Vincent, journaliste)
Nous avons tous des questions sur la réalité des choses, la validité de nos pensées et tout ce qui se passe dans notre tête. Ne dites plus «?Non merci, c'est de la philosophie?» car c'est du monde qu'il s'agit, de votre monde?! et non de l'épouvantail dressé par. (voir texte). Au pied du mur devant ces questions, tout homme est «?philo-sophe?», en grec?: il aimerait bien savoir. Vous êtes philosophe. Il y a les réponses de la science, et les réponses de la philosophie, et celles de la religion, et puis les créations de l'écrivain et de l'artiste, et aussi les productions de la nature jetées sous nos yeux. Quelle cohue?! Pourquoi tant d'approches et pourquoi tant d'opinions différentes?? C'est à n'y rien comprendre, et pire?: à ne plus savoir s'il faut chercher à comprendre quelque chose. Prévert a jeté en deux vers une accusation terrible - Le monde mental ment monumentalement. Voilà que la «?philosophie sauvage?» prend l'enquête en mains. Cela peut être intéressant puisqu'elle se prétend naturelle, naïve mais pas crédule, indifférente aux cloisons du savoir, mais vigilante sur les pratiques de la pensée. Le résultat est un voyage de découverte parmi les siècles et les hommes avec pour grandes étapes?: un certain primate nommé Homo qui s'autoproclame sapiens?; les modèles que lui fournit son ordinateur intégré (le cerveau)?; l'empilement des représentations jusqu'à la pensée?; la re-création du monde?; l'invention du Moi?; l'OPA de la conscience, le langage, les théories. En prime est fourni un jeu de trois clefs, utilisable aussi comme détecteur de mensonge et qui fonctionne pour tous les phénomènes et toutes les pensées.
Dans l'essai sur l'immortalité de l'âme, Hume avec sa logique sorcière et son sentiment philosophique prouve que ni la métaphysique, ni la morale, ni la physique, ne sont capables de nous garantir puissamment la vérité de l'immortalité de l'âme. Pour y croire il faut réduire son entendement sous l'obéissance de la foi, ce que Hume ne cherche pas.
L'être se veut l'opposé du néant. Mais qu'en est-il si l'être est vidé de sa substance ? Si le passé ne se résume qu'en ruptures douloureuses ? Si l'amour n'a de réel que l'apparence qu'il nous offre ? Si la société n'est qu'un immense manège qui ne saurait que nous divertir et nous enivrer jusqu'à la nausée ? Plutôt que de chercher dans une vaine introspection les raisons de ce vide intérieur, ne faut-il pas briser les contours de l'enveloppe policée qu'a dessinée pour nous une société dans laquelle nous n'avons pas choisi de naître ? Sidney Mompezat, à partir d'un constat similaire au sentiment sartrien illustré par Roquentin, esquisse une vision nihiliste des acquis sociaux et moraux de notre temps, où s'effacent les frontières du vrai et du faux, du sincère et du joué. Toute substance n'est que chimère, et cette vérité éclate ici avec brutalité.
Matière et pensée participent d'une seule et même réalité. Sur cette évidence, l'auteur bâtit une métaphysique nouvelle, voie médiane entre matérialisme et idéalisme. Pas à pas, l'auteur nous montre comment, à partir d'une réalité informe, substance première qu'il nomme Khaos, le processus du Logos fait naître le sens d'un Kosmos ordonné. Nous comprenons comment les lois statistiques du Logos imposent à la représentation du réel les formes et propriétés de notre univers familier, celui de la science. Nous pouvons enfin donner sens aux formalismes relativistes et quantiques. Par de nombreux exemples, l'auteur démontre les incohérences du modèle métaphysique usuel. Modèle selon lequel toute la réalité serait contenue dans l'instant présent. Enfin l'auteur tente de clarifier les questions philosophiques posées par les nouvelles définitions de l'être pensant, du monde physique et du réel.
Qu'entendre par «?émergence?»?? Quels lois, principes, facteurs et mécanismes voir derrière elle et à sa genèse?? Est-elle fondamentalement prévisible ou échappe-t-elle aux prédictions?? La concernant, quelle véritable place accorder au déterminisme et à la causalité?? Ces questionnements moins innocents que matières à controverse animent la pensée de R. Evola tout au long de cet essai théorique qui, à partir d'une approche volontiers pluridisciplinaire étaie et développe des arguments et idées qui ne manqueront pas de heurter certains... mais qui redéfinissent avec audace sa manière d'aborder le sujet. Pour être théorique, l'ouvrage de R.?Evola n'en demeure pas moins exempt de passion et de volonté de faire bouger les lignes de réflexion traditionnelles et comme établies. Un texte courageux par conséquent, qui dépasse toutefois les limites de son thème pour aborder aussi des territoires de nature quasi philosophique, qui renverront chacun à des problématiques collectives et personnelles.
« J'ai donc mêlé dans le présent recueil des pensées anciennes avec d'autres qui sont inédites. La règle du genre étant la diversité, chacune de celles qui suivent a son caractère propre : grave ou burlesque, imberbe ou chenue, respectueuse ou cynique, impromptue ou réfléchie, chaste ou impudique, sévère ou rigolote, pudique ou égrillarde, compassée ou cabriolante. J'ai pensé que le plus austère de mes lecteurs me saurait gré de ne pas me cantonner dans le registre de l'ineffable, dans les cimes éthérées de la métaphysique, mais qu'il apprécierait de faire des incursions dans les riantes vallées du quotidien. Un effrayant génie avait déjà remarqué, il y a plus de trois cents ans, que l'homme n'était ni ange ni bête. C'est du moins ce qu'on m'a enseigné, et je ne sache pas que le philosophe ait été démenti. » Esprit, acuité, concision, précision... Ces qualités exigées par l'art de la pensée en font un art... Aussi, en la matière, peut-on qualifier René Collas d'artisan qui sait parfaitement plier la langue à ses constats et réflexions, et forger, toujours avec élégance, des distiques qui affectionnent les paradoxes et les contradictions... mais aussi les tonalités contrastées, passant du sérieux au léger avec habilité. D'ailleurs, l'auteur ne confesse-t-il pas lui-même, à propos de son inspiration : « Chaque pensée me vient tant par la vigilance, l'effort bien soutenu, que par la distraction » ? Ce petit livre pourrait aussi constituer une mine de citations pour le lecteur ou un éventuel écrivain.
Comment étudier les modifications de l'éthique dans une perspective fonctionnelle incluant les progrès des connaissances scientifiques et techniques, les besoins des chercheurs et des praticiens et le respect des individus ? Pourquoi appliquer la théorie fonctionnelle de la cognition à l'éthique ? Comment évaluer les risques d'une expérience qui n'a jamais été tentée ? Quelle est l'implication des approches morales monistes et dualistes dans les neurosciences ? Quelle place l'éthique occupe-t-elle dans des domaines aussi variés que les affaires, la santé ou encore le secteur maritime ? Étudiant la complexité des relations entre éthique, risque et processus de décisions, cet ouvrage pluridisciplinaire de la collection Psychologie et Vie Quotidienne donne la parole à une vingtaine d'experts internationaux. Autour de thématiques variées, il reprend et développe un certain nombre de communications et de réflexions menées notamment au colloque Éthique, risque et décision qui s'est tenu en mai 2009 sous l'impulsion du professeur Bernard Cadet au Centre d'étude et de recherche sur les risques et les vulnérabilités de l'université de Caen Basse-Normandie.
L'autorité est un terme dont nos contemporains font grand usage et alimentent leurs querelles. Des expériences multiples de la vie vont devenir lisibles à la lumière de l'enseignement de Cicéron, selon lequel l'autorité induit l'idée de « faire grandir l'autre ». Sont ainsi examinés : l'éducation, la famille, l'école, l'apprentissage, l'armée, les églises, la justice, l'entreprise et le monde économique. Ce qui apparaît sans relation peut être décrypté en termes analogues. L'analyse permet de comprendre que l'autorité, ainsi définie, n'est pas toujours univoque. Cette inversion, même rare, est un marqueur d'autorité authentique. L'histoire lexicale éclairant le monde contemporain, cet essai clair et moderne creuse le sens avant d'engager le débat. Alliant sémiologie, sociologie et philosophie, la réflexion de Claude Fournier, sondant toutes les sphères sociales, vient prouver que les circonstances aléatoires de la vie nous confirment bel et bien la valeur de l'enseignement de Cicéron.
Les miscellanées que forme ce "Spicilège drolatique" de G. Lacarrière nous emmènent en promenade... dans la nature, certes, mais aussi dans l'histoire, les mythes, la science, la philosophie... Parcourir ces pages, c'est ainsi sauter d'anecdotes étonnantes en pastilles savoureuses, d'événements méconnus en précisions inattendues... Pour autant, si ces textes se veulent le lieu d'une transmission culturelle, ils recèlent aussi en eux une volonté de penser l'homme et son existence, ses moeurs et ses particularismes... Ainsi va donc la plume de l'auteur : entre le léger et le profond, entre le curieux et le spirituel, entre l'érudition et le questionnement, contrastes qui donnent toute sa saveur à un ouvrage dont on ne cesse de se délecter.
« Toute réalité est un avènement. Comme le chant de l'oiseau perce la feuillée bruissante, son cantique vient vers nous à travers un idéal murmure. Le choeur des possibles, foule sans nom, tenace, insaisissable, l'enveloppe et l'assiège dans cette solitude où nous voulions surprendre sa secrète essence. C'est comme une perle infiniment précieuse vue tout au fond d'une mer limpide pleine de frissons et de courants, et, sous la masse ondoyante des eaux, voici qu'elle-même tremble et vacille, ondoie et s'imprécise, prête à s'évanouir, semble-t-il, dans cette mystérieuse incertitude d'elle-même et cet étonnement d'être là.
Un poète s'en tiendrait à ce doux vertige d'irréalité. Mais le philosophe est un homme plus résolu : il lui faut des pourquoi, avec des points d'interrogation au bout de sa phrase. Pourquoi tel rouge, et non pas tel autre ? Du rouge, et non pas une autre couleur ? Une couleur, et non pas quelque autre chose ? » Un ouvrage philosophique empreint de sagesse et de sérénité. On découvre avec ravissement la puissance évocatrice de B. Marcotte au sein d'un regroupement de textes à la densité intellectuelle phénoménale. Le travail de l'écrivain, mort au début du siècle dernier, est ici exposé dans toute sa splendeur verbale. Citant ici Lucrèce, là Homère, il redonne aux penseurs de la Grèce antique leurs lettres de noblesse en adaptant cet immense héritage à une pensée ancrée dans l'émerveillement constant du philosophe. Ses considérations, condensées ici avec soin et talent, donnent accès à une vision ontologique du monde, dénué de toutes les vicissitudes de la société. Une perle, à étudier avec la plus grande attention.